Croire en Jésus selon Jean. Redécouvrir la foi de l’Évangile

Yves Simoens s.j.
Sacra Scrittura - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Il est évident que croire est un thème central. Il suffit pour cela de relever que le verbe pisteuein ne revient pas moins de 98 fois dans l’évangile selon Jean. Plus encore, la finale de 20,31 nous dit la place que croire tient dans la théologie johannique : « ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, en croyant, vous ayez la vie en son nom ».

La fin du croire est la vie. Plus encore, l’engendrement nouveau tel que nous le présente le Prologue : « à ceux qui l’ont reçu, il a donné autorité d’être engendrés, à ceux qui croient en son nom » (1,12). Voilà bien le fil rouge de cet ouvrage que l’on peut, à bon droit, lire comme la somme de ce grand connaisseur et ami de Jean qu’est le p. Simoens : pénétrer le mystère du croire johannique qui est la porte de la vie nouvelle que le beau pasteur est venu apporter à ceux qui l’écoutent : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (10,10).

L’A. nous propose d’aller à la rencontre de personnages-clés de l’évangile pour comprendre l’action vivifiante, engendrante, de la Parole. Dans le 1er chapitre, nous allons d’ailleurs à la rencontre de la Parole elle-même en revisitant à frais nouveaux les 1ers versets du Prologue. L’A. nous donne à y entendre la symphonie de la Parole : parole créatrice de la Gn qui donne la vie ; parole de sagesse qui invite au festin ; parole des prophètes ; parole qui nous conduit à connaître le Père, source de toute vie et de toute vérité. C’est ainsi que le 2e chapitre nous emmène, pour ainsi dire, à la rencontre du Baptiste qui permet au croyant d’entendre la Parole qui donne pouvoir d’être engendré. Car telle est bien la fin de l’Incarnation : recevoir la Parole pour avoir la vie. Il est d’ailleurs remarquable que les versets 12-13 forment le centre du prologue hymnique et mettent en lumière toute la dynamique du croire : l’accueil de la Parole.

Le jésuite nous conduit ensuite à rencontrer Nicodème et à réentendre avec lui l’invitation à entrer dans le royaume de Dieu qui est, dans la théologie johannique, le lieu de la vie. L’invitation à être engendré anothen illustre parfaitement l’offre qui est faite à tout croyant en 1,12. Cela consiste à accueillir tout l’amour du Père révélé et donné en son Fils (3,16-21). Pourtant, cette naissance d’en-haut est prévenue de tout docétisme, car on ne peut renaître d’esprit (en-haut), sans renaître de l’eau (en-bas). La rencontre de « l’aveugle d’engendrement » nous fait voir une autre facette de la nouvelle naissance qui permet à l’aveugle de naître à lui-même pour confesser le Christ. En cela, cet homme est l’archétype parfait de la génération par la foi selon Jean.

Pourtant, il ne suffit pas d’aller à la rencontre d’individus, car la foi est ecclésiale par nature, comme le montre la lecture du chapitre 10 qui développe « l’engendrement à la communauté ». Par ailleurs, la lecture que Simoens offre de ce chapitre permet de déployer le passage de la vue à l’écoute, tel qu’il s’est amorcé au chapitre précédent.

Ce livre paraît comme écrit au fil de la plume ou, plutôt au fil du cœur. Il s’offre comme la contemplation toute simple, d’un des plus grands connaisseurs du 4e évangile. Connaissance, non seulement scientifique, mais intime. — G.d.L.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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