De l'image à l'image. Réflexions sur un concept clef de la doctrine de la divinisation de Saint Maxime le Confesseur

Elie Ayroulet
Teologia - reviewer : Sébastien Dehorter
L'objet de cette thèse de doctorat préparée sous la direction de P. Renczes est d'aborder l'anthropologie de Maxime le Confesseur «sous l'angle de l'image et de la ressemblance selon le rapport que ces deux notions entretiennent avec la grâce de la divinisation médiatisée par le Christ» (p. 15). on ne s'approche pas facilement de l'oeuvre du Confesseur, tant sa pensée, fondée dans l'Écriture tout en empruntant librement à différentes sources philosophiques, opère une synthèse originale des Pères qui l'ont précédé et présente une christologie parmi les plus achevées de la période patristique. L'A., moine de la famille saint Joseph et maître de conférences à la faculté de théologie de Lyon (UCLy), nous offre ici une étude brillante, sous couvert de modestie, qui témoigne tant d'une limpidité d'exposition (cf. les introductions et conclusions de chaque partie) que d'une grande précision d'analyse (cf. les index).
Les quatre parties de ce travail, qui vont en s'intensifiant, se présentent comme suit. Les deux premières explorent la double source, philosophique et scripturaire, de l'oeuvre de Maxime. La 3e partie, christologique, expose «Le Logos Image du Dieu invisible». Elle montre comment la théorie des logoi permet de rendre raison de la pensée finaliste de Maxime. Le Christ comme Logos est à la fois le principe, ce qui caractérise le propre de l'homme, ainsi que sa fin, ce en vue de quoi il a été créé. Quant à la notion d'energeia divine, elle permet de résoudre une question délicate de la tradition: le Christ n'a pas donné à voir Dieu dans son essence, mais ce qui a été rendu visible, c'est la finalité de la récapitulation en lui de toutes choses. «Envisagée du point de vue de l'homme, l'energeia divine manifeste Dieu en tant que divinisant… envisagée du point de vue de Dieu, elle ne peut le donner à voir en tant que divin» (p. 175). Cette réflexion christologique, nécessaire du fait même des affirmations du NT sur le Christ image de Dieu, conduit finalement à la 4e partie intitulée «l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu». Cette dernière est construite sur les trois moments du mouvement de l'être créé: l'être (ontologie), l'être-toujours (eschatologie) et l'être-bien (éthique). Si l'image est localisée dans l'essence (être), elle est aussi «le lieu d'une relation finalisée en l'homme entre ce qui est de l'ordre de la nature créée et ce qui relève du surnaturel incréé (ordre de la grâce)» (p. 259) (être-toujours). Dès lors qu'elle n'apparaît pas seulement comme donnée à l'origine mais qu'elle est aussi quelque chose à construire, l'image a donc également part liée avec la nouveauté que la liberté de l'homme apporte à ce mouvement dynamique (être-bien). Ainsi, par cette vision où les notions d'image et de ressemblance s'articulent à celle de grâce et de liberté, Maxime dépasse une vision parfois trop figée de l'image de Dieu en l'homme.
Quant à la conclusion, après avoir rassemblé les principaux acquis, elle en montre les échos dans certaines affirmations de la constitution Gaudium et Spes (GS 22 et 12). D'une part, GS ouvre l'homme à l'espérance - le dynamisme de divinisation ayant été inscrit originairement en lui - et, de l'autre, elle apporte une définition plus juste de l'homme: celui-ci n'est pas seulement un être rationnel mais un être «appelé à la communion avec Dieu». - S. Dehorter

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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