Mieux connue en Occident sous sa dénomination japonaise (Zen) voire
chinoise (Chan), l'école Son a occupé durant de nombreux siècles et
occupe jusqu'à nos jours une place centrale dans le bouddhisme de
Corée. Maître de méditation et auteur de commentaires et de traités
dans lesquels l'étude doctrinale et la pratique de la méditation
apparaissent plus complémentaires qu'exclusives, Chinul (1158-1210)
est généralement considéré comme la figure majeure de cette
tradition. Dans cette thèse de théologie présentée à Bonn (2005),
l'auteur entreprend de comparer les conceptions chrétiennes et
bouddhiques de l'être humain et de son salut ou de sa libération,
en se basant plus précisément sur les écrits de Chinul d'une part,
ceux de Karl Rahner de l'autre. Après avoir présenté de manière
assez détaillée la biographie et les oeuvres de Chinul, sur
lesquelles peu d'informations sont disponibles en langues
occidentales, puis plus rapidement la figure et l'oeuvre de Rahner,
il expose les thèmes majeurs de l'un et l'autre auteur, en suivant
chaque fois la succession chronologique de leurs écrits. L'exposé
est précis, appuyé sur la fréquentation des oeuvres et des études
disponibles tant en coréen qu'en langues occidentales. Vient
ensuite le temps de la confrontation entre les deux pensées à
propos de leurs conceptions de l'être humain, de sa relation à la
Réalité ultime, enfin de l'illumination ou du salut: ces réflexions
intéresseront plus largement tous ceux qui se préoccupent des
rapports entre bouddhisme et christianisme. L'auteur propose
également quelques observations sur nos possibilités de
connaissance de l'Ultime et sur le rôle de la parole et du silence
selon les deux traditions. Il ouvre enfin des perspectives en
définissant quelques orientations pour une théologie chrétienne
inculturée au monde coréen. - J. Scheuer sj