Fruit d'une thèse soutenue à l'Angelicum en 2018 par Sr Marie des
Anges Cayeux, religieuse dominicaine travaillant actuellement
auprès de la Secrétairerie d'État tout en enseignant la
spiritualité et la théologie thomiste à l'Angelicum, cet ouvrage
est le premier qui aborde ce thème central de la pensée
cathérinienne, le désir : de fait, il est l'un des dix termes
les plus fréquemment employés par
la Mantellata (p. 50). La perspective est
celle de la théologie comme « science des saints », ainsi
que le signalent les deux citations en exergue - même si l'on
s'étonne que le p. Léthel, qui a consacré une substantielle
monographie à la théologie de Catherine dans cette
perspective, ne soit jamais cité. Certes, Catherine,
« mulier desideriorum » (chap. 1), est une
femme aux nombreux désirs. Mais ils sont tous polarisés par un
unique désir, celui de Dieu. Ainsi l'A. analyse-t-elle le désir de
Dieu, au sens d'abord objectif, mais aussi, trop brièvement,
subjectif (p. 144-147). Après un parcours des sources
scripturaires, patristiques (chap. 2) et médiévales
(chap. 3), sont développées une anthropologie du désir
(chap. 4), trinitaire (chap. 5) et christologique
(chap. 6), puis une éthique du désir comme recherche de la
vérité (chap. 7) et, en son urgence (chap. 8), comme
prière (chap. 9).L'on se réjouira de voir cités, traduits et
organisés de nombreux textes, notamment tirés des
383 Lettrespassées au peigne fin ; on relèvera
la puissance de conviction qu'offre le désir par lequel la
Siennoise entraîne ses parfois très illustres destinataires ;
on notera en passant la critique bienvenue de l'ouvrage qu'André
Vauchez a consacré à la sainte (p. 255, n. 2). Reste que
l'ouvrage aurait pu définir le désir avec davantage de rigueur et
interroger la dynamique profonde et « métaphysique du
désir » (p. 34-35) en termes plus précis : faut-il
la comprendre de manière plus augustinienne, notamment à partir de
la tension néant-Être, ou de manière thomasienne comme passion du
bien à venir ? - P. Ide