Dictionnaire culturel du Christianisme. Le sens chrétien des mots, préf. Mgr P. Wintzer

Pascal-André Ambrogi
Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.

La 4e page de couverture nous présente Pascal-André Ambrogi comme « haut fonctionnaire, écrivain, terminologue, engagé dans la défense du patrimoine linguistique français ». De prime abord, on ne peut que se réjouir d’avoir voulu préparer un tel dictionnaire qui permette d’entrer au mieux dans la compréhension des termes religieux du catholicisme (encore que soient présents des mots relevant d’autres confessions chrétiennes), tant ceux qui relèvent de son contenu que des manifestations de sa vie (paramentique, architecture, etc.). Cela est d’ailleurs particulièrement utile de nos jours, où la culture religieuse et le langage spécifique qui l’exprime sont à tout le moins méconnus, à quoi il faut ajouter que la langue française est souvent colonisée – à mauvais escient – par des apports étrangers incongrus. Précisons en outre que l’A. s’est intéressé à des termes qui, bien souvent, ont disparu du langage actuel, ce qui n’implique pas qu’ils doivent être oubliés, surtout si l’on veut comprendre des réalités d’antan (p. ex. on ne parle plus d’« extrême onction », mais de « sacrement des malades », l’A. ayant eu la bonne idée d’exposer les choses en la matière).

L’A. a vu grand : les entrées se comptent par milliers, avec de très nombreux renvois internes qui ont entraîné des regroupements de notions sous une même entrée ; par ailleurs, tous les termes retenus n’ont évidemment pas le même poids, si on peut s’exprimer ainsi : on peut aisément se passer de connaître la signification du fanon papal, qui ne revêt pas la même importance que la Trinité !

Cela dit, même si l’entreprise a un objectif louable, la réalisation n’était pas chose aisée. Il convenait que la précision fût au rendez-vous et que le lecteur ne se trouvât pas, plus souvent qu’à son tour, engagé dans un labyrinthe dont il éprouvera quelque peine à se sortir, ou restera parfois sur sa faim.

Il faudrait ici multiplier les exemples afin de mettre en lumière les étonnements que suscite un tel ouvrage. Si l’on souhaite savoir ce qu’est une cathédrale, on est renvoyé à l’entrée basilique, où l’on peut lire effectivement la signification des différents types d’édifices religieux (basilique, abbatiale, chapelle, collégiale…), mais où on découvre aussi la signification de termes désignant des parties de ces édifices religieux. Même procédé pour savoir ce qu’est une cathèdre où il faut se rendre à l’entrée ambon. À l’entrée « canon », la variété est aussi au rendez-vous : elle traite tout autant du canon des Écritures, que du canon de la messe, assez bizarrement défini comme étant les « prières dites lors de la consécration du pain et du vin (de la Préface au Pater) », du canon romain qui « est la règle depuis le ive siècle. Il n’est plus le seul depuis Vatican ii » (et encore faut-il noter qu’il n’y a pas d’entrée « prière eucharistique »), les « canons d’autel », le « canon des saints », les « canons apostoliques », et le « canon de Muratori » ! « Messe » et « eucharistie » font toutes deux l’objet d’une notice. Je n’y vois pas d’inconvénient en soi. Mais n’eût-il pas été de bon aloi d’unir les deux, d’autant que de nos jours, le terme « eucharistie » est, à la lumière de Vatican ii, préféré à celui de « messe » ? Le terme « avortement » est tout simplement présenté par un extrait d’Evangelium vitae de Jean-Paul ii qui condamne cet acte (Vatican ii l’avait fait avant lui) ! Certains saints sont « élus » par l’A., mais à quel titre exactement ? Et on sera sans doute surpris d’apprendre que la devise de la Compagnie de Jésus est « Omnia ad majorem Dei gloriam ».

Bref, on est finalement un peu étonné que la maison d’édition Honoré Champion, réputée pour la qualité de ses productions, ait pris cet ouvrage à son compte. — B. Joassart s.j.

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80