Dieu est-il laïque? Recherche de sens et laïcité. Essai de théologie pratique

Col.
Teologia - reviewer : Paul Lebeau s.j.
L'intérêt de cet ouvrage, élaboré sous les auspices de la Faculté de théologie de l'Université catholique de Lyon, réside non seulement dans la qualité de la réflexion qu'il instaure et propose, mais aussi dans le fait que celle-ci procède d'une expérience: celle de catholiques «engagés avec conviction dans l'enseignement public, et, comme tels, acteurs du processus de laïcité scolaire». Alors que l'École laïque avait été longtemps considérée par l'Église en France comme un lieu hostile à la foi, cette expérience les a conduits à cette constatation que la laïcité est en définitive «l'expression juridique de la liberté de l'acte de foi». C'est ce que les cinq auteurs de l'ouvrage ont entrepris d'éclairer, de manière convergente, chacun selon la perspective qui lui est propre.
Après que l'historien B. Comte ait retracé la genèse de la laïcité française à partir des lois scolaires de Jules Ferry, B. Descouleurs étudie la relation entre culture scolaire et recherche de sens. Il préconise de réviser la laïcité en introduisant les religions à l'école, non comme confessions, mais comme culture, en tant qu'elles témoignent de «la recherche par l'homme de l'ultime». Dans une autre contribution, le même auteur entérine, dans la foulée de Vatican II, le fait qu'un contexte culturel laïque amène le croyant à réviser sa conception du «religieux»: celui-ci se présente désormais comme «une recherche de l'homme en quête de sens». Et il souligne l'affinité de cette perspective avec celle des Exercices spirituels ignatiens.
Cette perspective nous conduit également à porter «un nouveau regard sur Dieu»: «Le Dieu qui se révèle sur la Croix est un Dieu qui se dépouille de tous les attributs de la puissance que l'homme tend spontanément à lui conférer dans sa démarche religieuse. (…) Dieu s'efface pour que l'homme ne soit plus écrasé par sa toute-puissance et puisse accéder à sa liberté totale, y compris celle de ne pas croire en lui» (p. 184). En accompagnant ainsi l'homme contemporain de la modernité dans sa recherche de sens et sa quête d'Absolu, «le christianisme devrait pouvoir lui fournir des critères de discernement lui permettant d'éviter les pièges de nouvelles aliénations. Réciproquement, les institutions chrétiennes doivent pouvoir accueillir les différents apports de la culture laïque, notamment le refus d'un pouvoir de domination, le respect absolu de l'autre différent et le libre débat» (p.200).
Pour sa part, Marie-Françoise Tinel propose une réflexion sur l'autonomie, dans la ligne de la phénoménologie proposée dans L'Action de M. Blondel. Signalons encore l'intérêt typologique et historique de la contribution de P. Lathuilière, et la réflexion richement documentée du pédagogue et théologien laïc M. Barlow. Sans doute en avons-nous assez dit pour recommander chaudement ce précieux volume aux laïcs et théologiens chrétiens de toutes confessions, aux militants de la pensée laïque et à tous les chercheurs de sens au seuil de ce troisième millénaire de l'ère chrétienne. - P. Lebeau, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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