Dieu ou quelque chose comme ça. Petit traité d'un agnostique ou à tout le moins de quelqu'un qui se croyait ainsi bâti
Y. Namur
«La solitude de Dieu est-elle plus supportable que celle d'un
pommier?» La question qui ouvre le recueil d'Yves Namur trouve un
écho en tant d'autres qui jalonnent le petit livre: «Sait-on
combien de fenêtres se sont ouvertes aujourd'hui?», «Sait-on
quelque chose de Dieu qui soit plus important que le bleu du ciel?»
C'est dire que l'attitude du poète - «regarder intensément les
choses les plus ordinaires» - redouble lorsqu'il y va de Dieu: la
foi ne peut naître que d'un étonnement que d'autres appellent
métaphysique et qui est ici de part en part poétique. L'ouvrage
nous maintient sur le seuil, dans une ouverture radicale - d'autant
plus que «ce qu'on sait de quelqu'un empêche de le connaître» et
que Dieu se trouve sans doute «dans cette proximité bouleversante
qui nous interdit de l'entendre». «Va, va vers ce qui ne fait pas
de bruit», écrit l'A., nous ramenant à l'Horeb d'Élie, où Dieu se
révèle dans «la voix d'un fin silence» (1 R 19, 12). «Un chant
s'est tu […]. Peut-être était-ce le chant de l'Unique, comme si
c'était une brise légère». «Une brise en Dieu. Un vent», avait
écrit Rilke, aimé et présent au long de ces pages. Paradoxe de
celui qui reste sur le seuil, mais dont le regard et l'écoute
mènent loin, très loin dans le mystère. - J.-P.S.