Cet ouvrage trouve son origine dans la polémique qui a suivi la
conférence donnée par le pape Benoît XVI en septembre 2006 à
Ratisbonne. Plusieurs auteurs ont été invités à réagir et à
prolonger la réflexion initiée par le Saint-Père sur les relations
entre religion, violence et raison. Comme il se doit, le livre
s'ouvre sur la traduction de la conférence du pape, accompagnée de
deux homélies, la première prononcée à Munich le 10 septembre 2006,
la seconde à Ratisbonne le 12 septembre. Suit une étude fort
intéressante de Wael Farouq, «Aux racines de la raison arabe», qui
s'interroge sur le rapport entre tradition et modernité ainsi que
sur le statut de la raison dans le monde, la langue et la culture
arabes. Dans «Le spectre de Typhon», André Glucksmann, partant de
Fides et ratio de Jean-Paul II, abonde dans le sens de Benoît XVI
et voit dans l'euthanasie contemporaine et planétaire de la raison
l'origine d'un nihilisme violent qu'il récuse. Dans «Violence:
rationnels et raisonnables», le philosophe palestinien Sari
Nusseibeh conteste l'incompatibilité de droit qu'il y aurait entre
l'Islam et la raison, mais surtout s'interroge sur le lien supposé
et, selon lui, pourtant contestable, qu'il y aurait entre raison et
non violence. C'est selon lui dans la raisonnabilité plutôt que
dans la rationalité qu'il faudrait chercher la condition d'un
dialogue pacifique entre les religions. Les «Réflexions sur la
leçon de Ratisbonne du pape Benoît XVI» de Robert Spaemann
constituent une longue et riche leçon de philosophie qui prolonge
et développe opportunément les propos du pape. Le livre se referme
avec un texte de Joseph Weiller, ancien directeur du Centre
Jean-Monnet qui, avec beaucoup de délicatesse et de respect, donne
le point de vue d'un juif sur l'ensemble de la controverse. Un
ouvrage riche et stimulant, mais aussi d'une actualité brûlante! -
P. Dasseleer