Erwin. Quattro dialoghi sul bello e sull'arte

K.W.F. Solger
Filosofía - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Solger (1780-1819), qui fut professeur de philosophie à Berlin, a écrit plusieurs dialogues dont Erwin fut le premier en 1815. Pour lui, la philosophie doit être vivante, pratiquée en commun et ne pas devenir système; elle restera toujours incomplète dans une recherche indéfinie de la vérité parce que nous sommes des êtres finis. Le fini ne se connaît avec sa consistance ontologique que dans l'assomption de sa nullité face à l'Infini. Dieu nous crée comme son «néant» ou sa finitude et en cela, il se nie dans son propre absolu. Ce point constitue le pivot de la vision métaphysique de Solger: l'Absolu se limite et se nie dans l'existence du fini. Il nous est impossible de saisir l'Absolu en soi. Loin d'être «possession conceptuelle», notre connaissance se présente comme savoir «ironique» et tragique du fini.
Dans ce dialogue sur le beau, l'essence de la beauté sert de préparation à l'interrogation sur l'existence du fini dont elle révèle le mystère. L'esthétique est une voie privilégiée pour arriver à l'essence des choses et du tout. Dans le beau, le divin se révèle et se cache tout à la fois. Le beau se manifeste comme apparence, mais celle-ci coexiste avec le divin dans une unité «tragique» et impossible. Il faut une sorte de révélation pour pouvoir comprendre que l'apparence est l'essence même de l'existence où l'essence divine est présente. Un rêve de l'un des deux interlocuteurs mène au seuil du mystère. L'intelligence artistique est en mesure de connaître Dieu dans l'apparence, ainsi que leur unité. Création et apparences divines sont une seule et même révélation où Dieu «s'anéantit» dans l'existence terrestre. L'ironie artistique et divine peut seule nous faire saisir cette vérité. Il nous faut accepter le néant du fini dans lequel le divin se révèle et disparaît. Cette conclusion reste elle-même provisoire et ouverte à d'autres approfondissements.
Au terme du dialogue, on s'aperçoit que tout était déjà présent dans une intuition initiale d'Erwin. Cette théorie nous introduit aux théories esthétiques du romantisme allemand. On comprend que Hegel, contemporain de Solger, ait traité cette philosophie de littéraire. - B.C.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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