Les pèlerins étaient animés par la formule de saint Jérôme: «Suivre nu le Christ nu». Il fallait mettre ses pas dans ceux du Christ. Une autre manière de vivre l'Évangile se manifestait par le dévouement dans les oeuvres hospitalières. Mais cette «suite du Christ» ne signifie pas encore «imitation du Christ». Elle était imitation des apôtres, adoption de la «vita apostolica», conformité au modèle apostolique. Les communautés de chanoines réguliers, durant la réforme grégorienne, s'inscrivent dans cette tradition apostolique. Mais les formes de cette tradition sont multiples, et parfois paradoxales. Des ordres nouveaux naissent. La prédication itinérante conduit la vie évangélique à revenir à la vie monastique. Dans ce bouillonnement, l'Évangile est tantôt source doctrinale de la «veritas evangelica», tantôt règle de vie, avec la «paupertas evangelica». Entre ces deux pôles la tension est constante, car la vérité évangélique se propose à toute l'Église, et la pauvreté évangélique à un petit nombre. D'où parfois l'antinomie entre la réalité historique de l'Église et l'Évangile, certains affirmant qu'il n'y a «veritas» que là où il y a «paupertas». De là aussi surgissent des dissidences de «pauvres en Christ», ne pouvant vivre «en paix selon le monde». L'apostolicité est alors observance de l'Évangile, dans un large refus de l'Église sacramentelle. On le voit, on touche là à des débats toujours récurrents dans l'Église et son histoire, la plus sainte et la plus trouble. - H. Jacobs, S.J.
Les pèlerins étaient animés par la formule de saint Jérôme: «Suivre nu le Christ nu». Il fallait mettre ses pas dans ceux du Christ. Une autre manière de vivre l'Évangile se manifestait par le dévouement dans les oeuvres hospitalières. Mais cette «suite du Christ» ne signifie pas encore «imitation du Christ». Elle était imitation des apôtres, adoption de la «vita apostolica», conformité au modèle apostolique. Les communautés de chanoines réguliers, durant la réforme grégorienne, s'inscrivent dans cette tradition apostolique. Mais les formes de cette tradition sont multiples, et parfois paradoxales. Des ordres nouveaux naissent. La prédication itinérante conduit la vie évangélique à revenir à la vie monastique. Dans ce bouillonnement, l'Évangile est tantôt source doctrinale de la «veritas evangelica», tantôt règle de vie, avec la «paupertas evangelica». Entre ces deux pôles la tension est constante, car la vérité évangélique se propose à toute l'Église, et la pauvreté évangélique à un petit nombre. D'où parfois l'antinomie entre la réalité historique de l'Église et l'Évangile, certains affirmant qu'il n'y a «veritas» que là où il y a «paupertas». De là aussi surgissent des dissidences de «pauvres en Christ», ne pouvant vivre «en paix selon le monde». L'apostolicité est alors observance de l'Évangile, dans un large refus de l'Église sacramentelle. On le voit, on touche là à des débats toujours récurrents dans l'Église et son histoire, la plus sainte et la plus trouble. - H. Jacobs, S.J.