Soucieux de se démarquer des biographies déjà parues sur sainte Hildegarde (1098-1179), Daniel Elouard, agrégé de lettres et journaliste, déjà auteur d’un ouvrage sur les croisades, veut surtout rendre accessibles auprès du public cultivé ses interrogations sur l’image actuelle de la grande abbesse du xiie s.

Accessible, la forme du livre l’est : peu de notes et de références, un style direct, un volume modeste. Une structure originale aussi : les sept chapitres qui parcourent la vie de la sainte se déclinent selon l’ordre des offices, de Vigiles à Complies. De même, sur chaque élément important de la vie d’Hildegarde, l’A. (qui se réfère aux ouvrages de plusieurs spécialistes reconnus) tente de rester au plus près des faits historiques, multipliant des hypothèses lorsque ceux-ci sont plus difficiles à interpréter, expliquant longuement les réalités du temps lorsque celles-ci pourraient conduire à des interprétations anachroniques.

Un de ses objectifs est d’essayer de « démêler ce qui est de l’ordre de la foi de ce qui ne l’est pas » (p. 14). Au chap. 3, ainsi, il cherche à situer la sainte parmi les grandes figures mystiques d’autres traditions, afin de montrer l’universalité du fait visionnaire et la difficulté à le comprendre uniquement en termes de « mental ». Mais à notre goût, les analyses du contexte historique sont encore mieux venues pour replacer les faits et gestes de l’abbesse dans ses véritables dimensions – qui ne sont pas négligeables.

Comme la conclusion le précise bien, en effet, ce n’est pas parce qu’il est abusif de la dire « féministe » qu’Hildegarde n’est pas une femme exceptionnelle dans ce xiie s., l’égale d’une Héloïse, p. ex. Et ce n’est pas parce qu’elle tient à la société féodale contre les nouvelles spiritualités « urbaines » que sa critique de l’Église de son époque est non avenue.

Constatant malicieusement que le principal recueil des manuscrits de la sainte (le Riesencodex) ne comprend ni son œuvre médicale, ni son travail musical, D. Elouard n’a pas de mal à montrer de plus que la figure contemporaine d’une « sorcière » naturopathe et initiatrice de musique New Age est un remarquable anachronisme qui en dit surtout long sur les attentes spirituelles de nos contemporains… — G. Kirsch

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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