Histoire du Concile Vatican II (1959-1965). III. Le concile adulte, éd. G. Alberigo, V. fr. sous la dir. de Ét. Fouilloux

Col.
Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
C'est avec un plaisir égal à celui éprouvé lors de la sortie de presse des deux premiers volumes, que l'on découvre ce troisième tome de la vaste entreprise menée sous la direction de G. Alberigo. La deuxième session de Vatican II fut marquée par des faits majeurs. À commencer par la présence d'un nouveau pape, Paul VI, qui eut le courage d'agir de telle sorte que se poursuive ce que Jean XXIII avait mis en route, alors qu'il devait se faire à sa nouvelle charge et que la vie quotidienne de l'Église réclamait tout autant son attention, ce qui ne l'empêcha pas d'être sans doute plus interventionniste que son prédécesseur tout en ayant des hésitations sur la marche à suivre. Une deuxième session marquée aussi par d'importants changements dans l'organisation du Concile, tout particulièrement le choix par le pape de quatre modérateurs dont le rôle ne fut nullement négligeable. Une deuxième session marquée par un vote majeur, celui de la constitution sur la liturgie qui devait façonner profondément la vie de l'Église contemporaine. Une deuxième session marquée aussi par des débats qui n'aboutirent certes pas à des textes définitifs, mais qui mirent progressivement en place certains textes fondamentaux sur l'Église, l'oecuménisme, la charge des évêques, etc. Une deuxième session suivie d'une intersession tout aussi active. Relevons quelques qualités de ce volume. Il manifeste très clairement la complexité du travail de l'assemblée conciliaire qui sans doute avait perdu un peu de l'enthousiasme du début mais qui n'a jamais manqué d'une conscience très vive de l'importance de ses travaux. Il faut souligner aussi la richesse des notes qui très souvent citent des témoignages des acteurs, et qui renforcent l'intérêt du lecteur. Revers de ces deux médailles. On se trouve de temps à autre devant des exposés ou des parties de chapitres qui relèvent plus du genre «chronique» et qui, par un grand luxe de détails, ne sont pas toujours de lecture aisée.
Une interrogation plus spécifique à ce volume. On se demande si à certains moments les A. n'ont pas quelque peu forcé le clivage «progressistes - conservateurs» et, plus que dans les deux tomes précédents, par trop présenté la dynamique conciliaire comme une opposition de pouvoirs. Il est certes indéniable que durant cette session, l'«intégrisme» (pour faire court) s'affirma de plus en plus (d'ailleurs les sujets des débats s'y prêtaient) et qu'il y eut, même de la part de participants qui ne se reconnaissaient pas dans ce qui deviendra le lefebvrisme, des mouvements de freinage (notamment tous les rouages de la Curie romaine n'exprimaient pas une ouverture à 180 degrés). Mais cela a sans doute l'effet - inattendu dans le chef des A.? - que le lecteur pourrait croire que tout ce qui précédait Vatican II n'était fait que de «fermeture» au monde moderne et que le concile fut, si on nous permet l'expression, le «fin du fin», comme s'il était un aboutissement définitif. Or ne fut-il pas certes une ouverture, mais dans le sens d'un approfondissement d'un héritage qui comportait incontestablement des zones d'ombres, parfois fort épaisses, mais aussi des richesses incontestables, et qui voulait susciter une dynamique d'autres approfondissements ? Cela étant dit sous bénéfice d'inventaire, en particulier parce qu'on attend avec impatience la parution des volumes suivants. - B. Joassart, S. J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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