Toute entreprise de synthèse est immanquablement un défi. Plus
encore si elle est réalisée à plusieurs voix: 80 historiens de 9
pays ont ici été sollicités pour y participer. Et l'optique de
l'ouvrage n'était certainement pas faite pour faciliter la tâche.
En effet, il s'agit d'une histoire thématique (mais qui ne fait
cependant nullement abstraction de la chronologie, d'ailleurs bien
servie par les tableaux en fin de chacun des deux volumes), qui
tient à la fois compte de la vie proprement dite des diverses
confessions chrétiennes et de la spécificité du contenu de la foi
chrétienne, bien typé par l'Incarnation, la mort et la Résurrection
du Christ, et une certaine théologie de l'histoire, en même temps
que de l'enfouissement de cette foi dans le monde tout autant que
des influences réciproques exercées tant par ce monde que par cette
foi. Signalons également que l'ouvrage n'est pas un manuel
traditionnel, mais qu'il s'adresse à un public cultivé, déjà
quelque peu au fait tant de l'histoire générale que de celle du
christianisme. L'optique thématique présente d'ailleurs un
avantage: on peut pratiquement lire chaque chapitre indépendamment
des autres, à condition d'avoir toujours à l'esprit qu'il y a
intérêt à se reporter à des chapitres connexes. Une petite
difficulté réside à mon sens dans le choix des titres des
chapitres, lesquels n'indiquent pas nécessairement de prime abord
le contenu premier de ces chapitres - par exemple: Vatican II est
présenté principalement dans un chapitre, par ailleurs fort bien
fait, intitulé «Le christianisme occidental dans la crise des
valeurs». Autre qualité: les bibliographies, qui ne sont pas
exagérément longues - et par là même désespérantes - et qui
renvoient à des travaux dans toutes les langues internationales.
Enfin, plusieurs encadrés permettent de cibler tel ou tel point
particulier en connexion avec le chapitre où ils sont insérés. Cela
va presque sans dire: pareille entreprise risque tou-jours d'être
critiquée. Pour avoir exploré bien des chapitres, je dirais
volontiers qu'un tel livre est «foisonnant» et «séduisant». - B.
Joassart sj