Un ouvrage magistral, évidemment. Tout s'y trouve, des antécédents
de la formule, de ses cheminements patristiques, du passage
médiéval aux affirmations magistérielles, des nouveaux débats liés
aux temps modernes, du XIXe siècle jusqu'à Newman, des évolutions
du XXe siècle avant, pendant et après Vatican II. Une seconde
partie examine «(les) variations de l'histoire et (la) continuité
de la doctrine», selon l'une de ces expressions précises dont
l'auteur a le secret. Après l'intéressant chapitre sur les
confessions chrétiennes et les autres religions (chap. 8), ces
pages vont au coeur du débat: l'unicité du Christ et la solidarité
entre le Christ et l'Église (chap. 9). Comment alors comprendre la
continuité de l'intention de foi et les ruptures dans
l'interprétation (chap. 10), sinon par une réflexion sur
l'herméneutique magistérielle (distincte de l'herméneutique
biblique), qui a ses références doctrinales et ses principes
méthodologiques (chap. 11)? Au passage, d'excellents résumés et de
fortes condensations de la pensée marquent les étapes de ce traité
exemplaire d'ecclésiologie, à recommander aussi bien aux
commençants qu'aux plus éprouvés. De même que le Père P. Beauchamp,
le Père H. de Lubac y est souvent cité avec honneur, même si la
deutérose de l'un l'emporte sur la doctrine des sens spirituels de
l'autre. Un addendum sur l'extension de l'autorité du magistère
infaillible aux «vérités connexes» expose un repentir de l'auteur,
avant une très utile «bibliographie sélective» au sujet de l'adage
et de l'herméneutique magistérielle. - N. Hausman, S.C.M.