Il Concilio ecumenico Vaticano II. Contrappunto per la sua storia

Agostino Marchetto
Storia - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Archevêque, spécialisé en Droit canonique et théologie pastorale, A. Marchetto est aussi diplômé de l'Académie Pontificale et a servi comme diplomate pendant 30 ans. Il s'est toujours intéressé à l'histoire de l'Église en publiant de nombreuses et substantielles recensions sur les livres qui en parlaient, ainsi qu'un petit nombres de «Notes». Ces textes ont déjà été édités en un gros livre de 770 p. en 2002: «L'Église et la papauté dans l'histoire et le droit…» (cf. NRT 125 [2003] 166). L'A. a jugé bon d'en extraire ce qui concerne le concile en y joignant 28 autres recensions sur les mêmes thèmes. Pourquoi? Il l'explique clairement dans sa préface et dans son titre: pour corriger une image du concile faussée depuis les débuts parce qu'idéologique. Il estime que l'importance du concile est trop grande pour qu'il se taise sur ce sujet et les éd. Vaticanes sont de son avis. Son plan respecte en gros la chronologie des recensions tout en y mettant un peu d'ordre.
Il part des conciles en général avant d'aboutir à Vatican II, où il commence par les volumes d'Alberigo et de ses collaborateurs sur l'histoire du concile; ils donnent, dit-il, le point de vue de l'école de Bologne (Dossetti, etc.), qui est aussi celle d'Aubert et de l'école de Louvain (Suenens, Philips, Prignon, etc.). Après une vue globale du concile, A.M. revient aux deux Papes conciliaires et passe à quelques documents importants: «Lumen gentium», «Dei verbum», «Ut unum sint»; puis viennent le primat pontifical, la collégialité, les mouvements ecclésiaux. Il parcourt alors les sources privées: les Journaux de Siri, Chenu, Bea, Ratzinger, Charue, Philips, Prignon, Congar, etc. et les «Sources officielles» auxquelles, dit-il, les sources privées doivent se soumettre. Il finit par 2 articles de synthèse, l'un de L. Scheffczyk: «pour une interprétation correcte du concile», l'autre est de lui-même: «Tradition et renouveau se sont embrassés: Vatican II». En conclusion, il offre deux vues d'ensemble sur les interprétations conciliaires, l'une jusqu'en 1990 et l'autre jusqu'en 2002.
Au lieu de voir en détail toutes les recensions, passons aux conclusions qui condensent la pensée de A.M. Pour sa part, L. Scheffczyk voit une pleine continuité entre le concile et la doctrine antérieure, avec cependant un développement et un progrès; puis il énumère les conséquences désastreuses de l'interprétation unilatérale et déviante du concile: relations aventureuses avec l'esprit du temps, irrationalisme, religiosité vague, présomption gnostique… Il ajoute que «les forces réformatrices ne proviennent jamais des techniciens, mais de saints», (mais alors à quoi a servi le concile?) L.S. prétend que les «futurologues voudraient une autre Église et une autre foi»! Et il cite à l'appui le cas Drewermann (qui est un déviant et non un progressiste!). Pour L.S., l'insistance sur la conscience mènerait au protestantisme et il voit dans l'actuelle critique «pathologique» de la substance de l'Église pointer la création d'une autre Église. (Pourquoi L.S. pousse-t-il tout à l'extrême? N'y a-t-il pas là aussi une tendance idéologique comme chez Alberigo et Cie? Or si Marchetto cite cet article, c'est qu'il est bien d'accord avec lui).
Pour sa part, que reproche A. Marchetto à ces historiens du concile? Leur tendance générale à favoriser la discontinuité, le changement, la «mutation traumatisante», la naissance d'une nouvelle Église, ce qui est faux et inadmissible, car le catholicisme est continuité et progrès. Selon lui, Jean XXIII a convoqué le concile pour remédier à la décadence des valeurs morales et spirituelles et son «aggiornamento» ne se voulait pas séparé de la doctrine et de la tradition ecclésiales, mais dans une croissance de la foi et un renouvellement continu (362). On a donc tort de dire que le concile fut une lutte entre conservateurs et progressistes, mais plutôt entre conservateurs et «novateurs», partisans de l'innovation. Paul VI a toujours tenté d'arriver à un large consensus entre les deux tendances. Pour A.M., l'Église est «immuable» même si elle se perfectionne en restant essentiellement la même comme le disait fort bien Bossuet (367-9).
D'après lui, les «Journaux» de certains participants du concile sont trop partiaux et s'attribuent un mérite indu dans une lutte contre le prétendu conservatisme de la Curie. Ces Journaux soulignent trop les innovations, la discontinuité et pas assez la tradition (371). «L'histoire du Concile» d'Alberigo et de l'école de Bologne aurait profité d'appuis financiers et de hautes protections (374). Ce serait une oeuvre surtout encyclopédique et idéologique, injuste envers des personnes de la minorité (tel Mgr Felici…) et les interventions personnelles de Paul VI. Quoique dans la ligne d'Alberigo, Aubert est plus juste envers Paul VI, mais critique les «nombreuses ambiguïtés» des textes qui offrent sur pas mal de sujets, des propositions novatrices suivies d'affirmations traditionnelles
. Désormais on a publié les 62 volumes des «Actes du Concile» et ce sont désormais ces textes qui feront foi; pourtant, l'A. reconnaît quelque valeur à certains Journaux dont ceux de Congar, Charue, Chenu, Suenens…; mais il regrette l'utilisation de ces Journaux par certains pour déforcer les textes conciliaires dont ils nous fourniraient le véritable «esprit» (381). Pour Alberigo, le concile serait «un changement d'époque, une transition à une autre époque: la fin de l'époque post-tridentine et même constantinienne pour commencer un nouveau cycle historique». Or, pour A.M., ce ne fut qu'un tournant, une «mise à jour» dans la fidélité et l'ouverture.
On voit que la lutte entre les deux tendances du concile continue aujourd'hui et, selon un sociologue, durera probablement 50 ou 60 ans après le concile avant que celui-ci ne soit digéré par les chrétiens. Devant ces oppositions à propos du concile, on songe à la réflexion très juste de L. Scheffczyk: «tout interprète et tout groupe cueille uniquement ce qui correspond à ses préjugés» (378). Ceci vaut donc pour tout le monde. Et A. Marchetto écrit lui, que, comme pour Trente, seul le temps apportera un jugement plus impartial (378). Devant ces tendances, chacun de nous, surtout s'il a vécu l'époque de concile, réagira probablement selon son tempérament. - B. Clarot sj

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