À propos de l'élection de Symmaque, E. Wirbelauer note qu'à cette époque, chaque pape nommait son successeur et, s'il n'avait pu le faire, le clergé et le peuple romain se chargeaient de l'élire. Le pape Anastase n'ayant rien décidé, les Romains se divisèrent et élirent Symmaque et Laurent. Symmaque fit appel au roi arien Théodoric qui le confirma et un synode en 499 ratifia cette élection. Laurent fut nommé évêque en Campanie, mais sans désarmer. Il profita d'un changement malencontreux de la date de Pâques par le pape en 500 pour contre-attaquer et accuser le Pontife d'inconduite et de malversations. Consulté, Théodoric réunit un synode à Ravenne qui refusa de juger le pape. Le roi renvoya l'affaire devant un synode romain qui disculpa Symmaque. Laurent intrigua encore et finit par être exilé en 506.
Dans ce contexte, on saisit l'importance du principe affirmé dans l'un des 11 apocryphes symmaquiens, «Prima sedes a nemine iudicatur». S. Vacca fait remarquer que ce principe s'est lentement mis en place aux IVe et Ve siècles et avait déjà été énoncé en 495 par le pape Gélase et appliqué en 502 par le synode de Ravenne convoqué par Théodoric. Repris dans les apocryphes, ce principe eut beaucoup de succès en Occident et passa dans le Droit canon, ce qui n'empêcha pas certains papes d'être jugés jusqu'au XVe s. Pour sa part, V. Aimone estime que les auteurs des 11 apocryphes symmaquiens seraient la chancellerie papale et un notaire romain lié au pape, qui auraient agi pour conforter l'autorité de Symmaque contre les partisans de Laurent. Plutôt que d'y voir des faux, mieux vaudrait donc parler «d'histoire orientée». Trois index terminent ce volume magnifiquement édité qui fait honneur à la Sardaigne et à la science historique italienne. - A. Pighin.