Les recherches des différents auteurs se font dans un esprit critique du sacré, de la religion et de la foi. Chauvet s'intéresse à la messe en tant que sacrifice et aux façons de l'expliciter depuis l'époque carolingienne et surtout après le concile de Trente. La redécouverte de la catégorie de «mémorial» a entraîné un changement profond du schéma sacrificiel et mené à une meilleure compréhension de la mort du Christ. Lafont propose de réintroduire en théologie et en anthropologie la notion de sacrifice que certains veulent écarter faute de la bien comprendre. Partant de la Prière eucharistique III, il explique le sens du sacrifice aux points de vue théologique, liturgique et conceptuel.
Les études suivantes s'occupent de la reconstruction des grandes étapes de cette problématique sacrificielle. Colombo présente le panorama des grandes théories contemporaines avec Tylor, Smith, Lagrange, James, Girard, de Vaux, Chauvet, Beauchamp, Schwager, Vasse. Puis il conclut: à la base de tout sacrifice, on a la réception-communion d'un surplus de vie (physique, éthique ou divine) pour l'individu et pour la communauté dont il fait partie. Le sacrifice chrétien apparaît comme relation de communion de la vie humano-divine du Christ, dans l'Esprit, à l'image de Dieu-Père.
Martone scrute les expressions et l'intention religieuse des sacrifices de l'AT. Studer part du NT, puis considère les diverses façons dont l'Église primitive a compris le sacrifice eucharistique et le rapport entre l'offrande des chrétiens et le sacrifice unique du Christ. Marchisio étudie l'interprétation fonctionnelle du sacrifice au niveau sociologique chez Hubert et Mauss, alors que R. Girard s'occupe de l'attitude religieuse qui explique la dynamique du sacrifice. Bonaccorso développe ce dernier point de vue ainsi que le rapport entre religion et violence, rendu encore plus visible dans le sacrifice. Grillo souligne la différence entre sacrifice spirituel et sacrifice rituel ainsi que le rôle de la liberté.
La dernière partie cherche à interpréter ces faits: le repas sacrificiel dans l'histoire comparée des religions et le sens de «manger Dieu», particulièrement dans l'Eucharistie (Terrin). Quel rapport entre sacrifice et liturgie chrétienne? (Catella). Quelle est la dimension sacrificielle dans la dernière Cène - la Croix - l'Eucharistie? (Ottoloni). L'acte libre de l'homme est notre unique accès à la vérité et à son sens. Dans cette perspective, la théorie du sacrifice retrouve toute sa valeur (Ubbiali). Ces textes solides font avancer le problème à notre époque et rendent sa dignité au sacrifice. L'un ou l'autre auteur jouit d'un don particulier pour complexifier son expression afin de mieux rendre la profondeur de sa pensée. - J. Debrun.