L'A., l'un des meilleurs connaisseurs de Ricoeur, avait proposé en
2002, en français, un Paul Ricoeur. Une herméneutique de la
condition humaine. Le livre présenté ici, qui complète cet ouvrage,
introduit à Ricoeur en deux temps, en allant d'abord des premiers
textes jusqu'à la somme Soi-même comme un autre (1990), en se
consacrant ensuite à l'ouvrage de 2000 (les articles réunis dans
Parcours de la reconnaissance, de 2004 et donc postérieurs, ne sont
pas envisagés ici). Sans ignorer les détours d'une oeuvre que
Ricoeur ne voulait ni systématique ni conclusive, J. sait en
montrer l'unité profonde, très attachée à la question de la
conscience qui «n'est ni origine ni fondement mais tâche, qui n'est
pas transparence mais opacité, qui requiert un engagement constant
dans la clarification, l'unification pour récupérer l'effort ou le
désir d'exister qui s'exprime dans la multiplicité des opérations
du sujet et des signes où elles s'objectivent» (p. 15-16). Jusqu'en
1990, peut-on dire, les oeuvres ricoeuriennes pointent en direction
d'un «je peux» où se nouent toutes les exigences d'une conscience
positive et heureuse, dont le savoir appartient à une
phénoménologie herméneutique. Toutefois, précise l'A., on aperçoit
dans le livre de l'an 2000 que «l'oubli et le pardon offrent,
séparément et ensemble, l'horizon de toute la recherche de Ricoeur»
(p. 110); et de le montrer en exposant les arrêtes principales de
ce texte; l'éthique l'emporte maintenant avec évidence sur
l'orientation épistémologique de l'intentionnalité husserlienne,
qui était encore très présente en 1990. Cette Introduzione se
termine en publiant en italien une conférence faite par Ricoeur en
2001, à Barcelone, «Mon cheminement philosophique». - P. Gilbert sj