Irénée de Lyon, théologien de l’unité. Études réunies par G. Bady et M. Chaieb

Guillaume Bady Marie L. Chaieb
Teologia - reviewer : Charles Scrive f.m.j.

Cet ouvrage collectif réunit vingt-quatre contributions de théologiens, exégètes, philologues ou historiens sur le thème de l’unité chez Irénée de Lyon. Cette réflexion a été l’objet de deux rencontres scientifiques et donne lieu à un triptyque dont le premier volet est ecclésiologique, le second théologique et le troisième anthropologique. Pour ne retenir que quelques éléments, en ce qui concerne l’ecclésiologie, les études évoquent l’Église comme un espace de cristallisation des problématiques d’unité. Déjà chez Irénée, on identifie la nécessité selon lui d’articuler spécificité et unité ecclésiales en fonction des cultures, des zones géographiques. Il parlera de l’Église comme une caravane de frères et sœurs, un peuple en synode permanent. Concernant les aspects théologiques, Irénée n’hésite pas à envisager la révélation divine comme une symphonie du salut permettant d’articuler Unité et Trinité, mais également unité et multiplicité. Cette unité de la révélation chez Irénée s’appuie plus particulièrement sur l’unité de la foi et de la raison. Le dernier volet étudie l’unité à l’épreuve de l’humanité. L’unité du composé humain est un aspect essentiel de la compréhension de la création par Irénée ; pour lui « être homme, c’est être un vivant (homo vivens), à l’image d’un Dieu qui est la vie même et qui la communique » (p. 332). Son insistance pour combattre la gnose permet d’en identifier la matrice hérétique à savoir le refus de la chair ou le rejet de l’incarnation. Cette analyse pourrait du reste rejoindre bon nombre de nos problématiques actuelles.

En conclusion de cet ouvrage, M. Chaieb propose un regard transversal où l’unité selon Irénée serait aussi bien un commencement, une méthode pour l’état intermédiaire » inauguré lors de l’Incarnation du Verbe, que la fin espérée correspondant au telos de l’économie divine.

L’unité comme « commencement » ressemble à un mur de soutènement, un principe fondé dans la Tradition qui vient des apôtres. « Ce rocher-source » devient ainsi le paradigme de la théologie proprement chrétienne. L’unité comme « méthode » indique une progression qui évite le dualisme caractéristique des gnostiques et qui oblige à penser en terme de processus, d’harmonie, de cohérence. L’unité passe par la fraternité, la temporalité, l’expérience de la durée. Ainsi la théologie d’Irénée se caractérise par une certaine organicité sur la base d’une dynamique trinitaire où l’homme trouve son unité. Enfin l’unité comme telos permet d’unifier la vocation de l’homme. La conception de l’unité chez Irénée ne pose pas le débat en termes d’isolement analytique mais part de l’expérience théologique de la Trinité. Ce regard transversal invite la théologie contemporaine à vivre un déploiement et à travailler le dialogue pour faire grandir cette unité et ainsi donner une postérité concrète aux convictions d’Irénée. — C. Scrive f.m.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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