L'A. commence par présenter quelques témoins (Küng, Pohier, Morel,
Girard, Varone…) d'un malaise contemporain, largement répandu, face
au mystère de la rédemption: pour nous et pour nos péchés… Ce
mystère, qui est au coeur de la Révélation mais qui n'a fait
l'objet d'aucune définition dogmatique, a reçu, au cours de
l'histoire, de nombreuses formulations défectueuses. L'A entend lui
rendre justice en présentant l'unique médiation salvifique du
Christ à travers quelques métaphores sotériologiques
traditionnelles. Les cinq premières, caractéristiques du premier
millénaire, suivent un ordre descendant: illumination, rédemption,
libération, divinisation, justification. Les quatre autres,
développées durant le second millénaire, adoptent plutôt un ordre
ascendant: sacrifice, expiation (propitiation), satisfaction (cf.
le Cur Deus homo de S. Anselme), substitution (représentation,
satisfaction vicaire, solidarité). Après avoir rappelé qu'il ne
s'agit pas ici de concepts, dont tous les éléments sont adéquats,
mais d'images, qui reposent sur une analogie et dont seuls certains
aspects sont pertinents, l'A illustre chacune de ces neuf
catégories par le double témoignage de l'Écriture et de la
tradition, et il en propose une redécouverte contemporaine. Il
termine en évoquant une dixième catégorie, synthétique, que Barth
semble avoir été le premier à mettre en valeur: la réconciliation.
Cette dernière métaphore n'a pas constitué dans la tradition
ecclésiale une catégorie majeure de la sotériologie, mais elle
apparaît comme la présupposition de toutes les autres, elle les
récapitule, et elle leur donne leur éclairage définitif. C'est la
position exprimée par Jean-paul II au synode des évêques de 1983:
«la réconciliation est le mystère central de l'économie du salut;
l'Église en est le sacrement, le signe et l'instrument». Un ouvrage
fondamental. Et d'agréable lecture. - P. Detienne sj