Ce livre, préparé par d'importantes publications antérieures, est
un monument d'érudition patiente et minutieuse. Il se démarque, à
juste titre, nous paraît-il, de travaux antérieurs dont les auteurs
(Todd, Torrance, etc.), estimaient pouvoir réfuter la thèse
d'Imbart de la Tour: la plupart du temps, les références des
Réformateurs aux Pères de l'Eglise étaient motivées par la
préoccupation polémique de contester la fidélité de l'Église
«papale» à la tradition conciliaire et patristique. Un examen
scrupuleux des textes autorise le Prof. N.S. Lane, Directeur de
Recherche au London Bible College, à constater qu'il en fut bien
ainsi, surtout dans le chef de Calvin. S'il est vrai que dans son
premier ouvrage théologique, la Psychopannychia, Calvin
fait appel à certaines citations des Pères pour réfuter les
anabaptistes, les références patristiques de son oeuvre maîtresse,
l'Institutio, sont massivement anti-romaines. «Si, en tant
qu'humaniste, Calvin a incontestablement lu certaines écrits des
Pères (souvent de seconde main), en tant que sources antiques de la
foi chrétienne, ses citations patristiques n'en demeurent pas moins
franchement et avant tout polémiques». Cela n'empêche pas l'auteur
d'admirer en Calvin «un des grands commentateurs de tous les
temps». En lui laissant le mérite de cette affirmation, nous
serions d'accord avec sa conclusion: «L'un de ses talents les plus
remarquables était de concilier le temps limité qu'il pouvait
consacrer à lire les Pères et la capacité de les commenter avec une
lucide concision». Sa bibliographie des ouvrages modernes consacrés
à cette question suffirait, à elle seule, à recommander cet ouvrage
à tous les calvinologues. - P.L.