Judge and Society in Antiquity, éd. A. Skaist & B.M. Levinson

Col.
Sacra Scrittura - reviewer : Jean-Louis Ska s.j.
Les sept articles rassemblés dans ce volume reprennent les conférences tenues lors du troisième congrès de la Society for the Study of Ancient Near Eastern Law fondée à Leyde en 1993. Les deux premiers congrès se sont tenus à Leyde en 1995 et à Baltimore, MD, en 1999. Les actes de ces congrès ont été publiés sous les titres de The Care of the Elderly in the Ancient Near East, Leyde, Brill, 1998, et de Security for Debt in Ancient Near Eastern Law, Leyde, Brill, 2001. Les actes du troisième congrès, tenu en décembre 2001 à l'université de Bar-Ilan (Israël), sont publiés dans une revue à grande diffusion pour les mettre à disposition d'un public plus large. Le volume est dédié au grand assyriologue Dietz Otto Edzard, décédé le 2 juin 2004.
Le juge était une figure clé dans le monde antique. C'est en général celui-ci qui «fait la loi» et ses décisions peuvent fortement influencer la société. Par ailleurs, la société pouvait avoir un impact profond sur les décisions du juge. C'est à D.O. Edzard que nous devons le premier article sur les «rapports réciproques entre juge et société: la Mésopotamie et la périphérie jusqu'à la période de Ur III (2100-2000 avant notre ère)». Durant la période d'Ur III apparaît pour la première fois le terme «juge» en sumérien. Durant les époques reculées, les décisions juridiques pouvaient être prises également par les fonctionnaires du temple ou par des personnes qui ne portent aucun titre spécifique. Nous n'avons toutefois que peu de données en ce qui concerne les premières périodes de la civilisation sumérienne. R. Westbrook analyse la fonction du juge dans les sources cunéiformes. Les tribunaux étaient répartis selon les trois niveaux de l'administration: royal, provincial, local. R.W. s'interroge aussi sur le niveau de professionnalisme des juges, sur leur pouvoir, leurs devoirs. Comme dans d'autres publications, R.W. insiste sur la continuité dans le monde juridique du Proche-Orient ancien.
Avec K. Radner nous passons à l'empire néo-assyrien du VIIe siècle avant notre ère. Elle affirme que la profession de juge n'existait à cette époque. La fonction était exercée par des fonctionnaires de l'administration que l'on pourrait appeler «médiateurs». Il n'existait pas non plus de codes législatifs ou de lois écrites. Les Assyriens avaient en effet une conception très pragmatique de la justice. S. Demare-Lafont affronte le problème de l'arbitrage durant le second millénaire avant notre ère. Elle note en particulier que les sources abondent en la matière, mais que l'appareil conceptuel est très maigre. Reprenant une idée lancée en 1971 par N. Lohfink, B. Levinson montre que le Deutéronome a puisé dans l'antique tradition suméro-akkadienne pour développer le concept de la séparation des pouvoirs et celui de la soumission de tous les pouvoirs à un texte législatif, la tora. Le Deutéronome développe certes une vue utopique, mais elle a eu de profondes conséquences sur l'histoire du droit dans notre monde occidental. Cet article est particulièrement intéressant. B.L. cite tour à tour Hérodote, Sophocle, I. Kant, M. Weber… A. Radzyner discute d'un problème crucial pour le Talmud, celui de la compétence des juges. Y. Rivlin cite un nombre d'exemples où, durant le Moyen Âge, le Talmud ne pouvait plus répondre aux exigences de la communauté. Le moyen le plus simple était une sorte de contrat. L'ouvrage se termine par un index des auteurs. - J.-L. Ska sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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