Ici, L'affrontement chrétien, publié d'abord à La Baconnière de Genève, rend manifeste combien Mounier était un combattant, un lutteur de la pensée, assoiffé d'un christianisme authentique. L'horreur de la guerre faisait place à l'urgence d'une reconstruction. Bâtir à nouveaux frais, non pas seulement les biens immeubles, mais plus fondamentalement ce patrimoine immatériel de l'humanité que sont les cerveaux, irradiés par des coeurs généreux et courageux, eux-mêmes renvoyant vers la pensée des questions puisées dans les mille et unes péripéties d'une vie humaine, d'un vivre ensemble à retisser. Le tragique n'est pas absent, mais Mounier s'oppose à Nietzsche, et redit la vigueur d'un christianisme et son caractère mobilisateur.
Le lecteur du XXIe siècle ne manquera probablement pas de relever tel excès dans l'expression, telle prise de position datée, qui avec l'éloignement apparaît malencontreuse. Qu'il ne renonce pourtant pas, ni ne se décourage. Il y a encore du neuf à trouver dans ce trésor que G. Coq, président des Amis d'Emm. Mounier, propose d'abord au jeune public, afin de réveiller et susciter les engagements. Jusqu'à oser des «affrontements»? - Ét. Rousseau