Quiconque connaît quelque peu l'histoire de la France durant la
période couverte par cet ouvrage se doute aisément que le sujet
était non seulement ardu à traiter, mais surtout ne concernait pas
qu'une question de pastorale plus ou moins spécialisée. La loi de
séparation de 1905, deux guerres mondiales, celles d'Indochine et
d'Algérie, avec toutes leurs conséquences, furent autant
d'événements qui rejaillirent sur la manière dont l'Église (et il
faut préciser que si le catholicisme est le principal protagoniste
de l'étude, l'A. a essayé de rassembler le maximum de données à
propos des aumôneries protestantes et juives) dut envisager son
action au sein des forces armées françaises. Car au delà du fait
qu'il fallut trouver des accommodements avec l'État pour assurer la
présence d'aumôniers dans les unités, ceux ci rencontrèrent des
problèmes particulièrement aigus dont on ne citera que quelques
exemples: le nationalisme, surtout en temps de guerre, mais aussi
après le temps du conflit, comme durant l'occupation de la Ruhr;
l'attitude à adopter face au régime de Vichy et sa politique de
collaboration avec l'Allemagne, de même qu'à l'égard de toutes les
formes de résistance; quelle réaction avoir face à la torture, en
particulier lors de la guerre d'Algérie, ou encore face à des
idéologies qui ne pouvaient laisser indifférent, surtout le
communisme durant la guerre d'Indochine. Se basant en grande partie
sur des analyses de cas concrets, l'A. montre clairement que, même
s'il y eut parfois des erreurs (certains ont pu adopter des
positions inacceptables), tout en essayant d'éviter de cautionner
la guerre, ces aumôniers ont pu non seulement assurer un
accompagnement religieux de leurs fidèles, mais aussi bien souvent
infléchir des positions dans un sens plus conforme à la foi dont
ils étaient les ministres. - B.J.