Au premier abord, il peut paraître étrange de vouloir aborder
l'herméneutique de Vatican II sous l'angle de l'autorité. Et
pourtant, les auteurs montrent bien, dès l'introduction, que «l'un
des enjeux clés du débat herméneutique entre Gadamer et Habermas
fut justement la question de l'autorité des traditions dans l'acte
interprétatif». Dans la première partie intitulée Révélation,
Vérité et Autorité, les contributions campent le cadre théologique:
l'herméneutique du Concile dépend en grande partie de son
articulation à la tradition. Il y a déjà quelque temps, le Cardinal
Ratzinger montrait qu'il ne s'agit plus tant de juger le Concile à
la lumière de la tradition que de le voir comme source de
tradition. Ainsi tradition et autorité se trouvent bien au coeur de
la question herméneutique. À ce titre, la contribution de Catherine
Clifford apporte un éclairage intéressant en se confrontant à la
question de l'herméneutique d'un texte.La deuxième partie, quant à
elle, situe le problème herméneutique en se penchant sur certains
actes de relecture du Concile concernant la collégialité et
l'exercice de l'autorité épiscopale. On passe ainsi de la question
de l'autorité pour l'herméneutique à «l'herméneutique de
l'autorité» épiscopale. Cela permet alors d'aborder la question
délicate de l'autorité d'une constitution dogmatique dite
«pastorale» telle que Gaudium et Spes.Le lecteur qui, pratiquement
parvenu au terme de l'itinéraire, croira s'être fait une idée
claire de la juste herméneutique du Concile, réforme ou rupture,
voudra bien se laisser désarçonner par la dernière contribution. L.
Boeve était parti du discours de Benoît XVI à la Curie en 2005. F.
Nault y revient au terme de l'itinéraire en proposant un
déplacement de problématique qui évite heureusement de s'embourber
dans une ornière herméneutique. Un ouvrage à lire. - G. de Longcamp
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