Plusieurs «récits de conversion» d'intellectuels ont paru ces
dernières années. Ce genre littéraire trouve un lointain aïeul
(1926) dans le texte de G.K. Chesterton, qui, toutefois, ne
constitue pas un récit autobiographique mais plutôt une réflexion
sur les étapes et enjeux de la conversion - ce qui n'interdit pas à
l'A. de faire référence à son propre cheminement de foi, qui le
conduisit du protestantisme unitarien à l'Église catholique, en
passant, dit-il, par le paganisme et l'agnosticisme.Dans cet
ouvrage donc, l'A. écarte les fausses objections adressées au
catholicisme, avant de proposer une phénoménologie de la conversion
en trois étapes: l'attirance vers l'Église, sa découverte puis la
tentation de s'en détourner. Si la foi est bel et bien un don de la
grâce, des dispositions de l'esprit préparent toutefois à l'accueil
de ce don.L'A. montre alors l'émerveillement du converti pour
l'Église-mère, gardienne de la vérité et garante de la liberté
authentique. Les hérésies, tant anciennes que modernes, sont
porteuses d'une part de vérité qui trouve à s'intégrer dans la
grande symphonie de l'authentique doctrine catholique. Quand
l'autorité ecclésiale semble brimer la liberté individuelle,
l'expérience fera reconnaître une manifestation de l'expertise en
humanité qui guide et éclaire les consciences.Cet ouvrage, ni
autobiographique, ni proprement théologique, propose une
apologétique originale et enlevée. Le style vigoureux, non dénué
d'humour, fait pardonner quelques jugements rapides ou datés.
Relevons deux intérêts principaux de cet écrit: rappeler que le
christianisme a sa source à Jérusalem et à Athènes, certes, mais
aussi à Rome; souligner combien la foi de l'Église, loin d'être
irrationnelle, sauve plutôt la raison des tentations de repli ou
d'étroitesse. - M. Bernard