L'homme de la bioéthique. Entretiens avec Yves de Gentil-Baichis

Olivier de Dinechin
Morale e diritto - reviewer : Albert Chapelle s.j.
Le champ de l'éthique biomédicale ne cesse de s'élargir du stade embryonnaire de la vie humaine jusqu'à sa fin, sans omettre le génie génétique, les greffes d'organe et les neurosciences. Le P. O. de Dinechin, membre durant huit ans du Conseil consultatif national d'éthique en France, s'exprime ici en moraliste catholique informé des données scientifiques, des implications morales et de l'état des opinions. Le titre de l'ouvrage indique le souci de l'A.: dans le corps humain étudié, manié, remanié peut-être par les biosciences, faire entrevoir l'homme à respecter, à servir, à aimer. La table des matières montre la richesse d'un livre qui met à la portée du lecteur cultivé le discernement de la moralité de gestes médicaux concrets. Greffes d'organe: avec l'Épiscopat français, l'A. encourage cette «forme éloquente de fraternité» (p. 28), tout en n'oubliant pas la réflexion nécessaire sur la détermination du moment de la mort (p. 34). Le consentement éclairé est nécessaire aux expériences sur l'homme (p. 41). Le respect est dû à l'embryon comme à une personne «en devenir» (p. 54). Le sort des embryons congelés (p. 58-59) trouve l'A. hésitant devant la décision de les laisser mourir (décision reconnue légitime par le P. Verspieren et le Cardinal Lustiger). À propos de la fécondation in vitro homologue, de Dinechin évoque les «gestes décisifs» qu'elle suppose (p. 68-69) et en distingue les «significations objectives» dégagées dans Donum vitae et les «significations vécues» (p. 70). Il est courtoisement mais fermement opposé à la FIVD (avec donneur étranger au couple) et n'est guère favorable à l'anonymat du donneur (p. 73).
Le diagnostic prénatal - de soi moralement légitime - suscite la grave tentation d'un eugénisme (p. 77) hygiénique défendu sans vergogne par certains (p. 80). La réflexion sur le contrôle de l'usage des tests génétiques est marquée des prudences du droit français (p. 84s.). Le clonage (reproductif,) «un véritable non-sens» (p. 93), est seulement évoqué. Les neurosciences permettent de mieux discerner l'inné, sans pour autant connaître l'acquis (p. 101), elles posent des questions morales distinctes selon qu'il s'agit (Fr. Quéré) du jouissif (euphorisant), du «performatif» (dopage) ou du répressif (délinquance sexuelle) (p. 104). Le chapitre sur la mort dans la dignité (p. 111) et la lutte contre la douleur (p. 112, soins palliatifs) est particulièrement vif: «donner la mort, un abus du pouvoir médical» (p. 115). L'expression d'euthanasie passive, note justement l'A., est ambiguë et à éviter puisqu'il ne s'agit pas de mort directement provoquée. Une annexe (p. 125-126) donne sigles et définitions des gestes engagés dans les procréations médicalement assistées. «La réflexion du P. de Dinechin… net dans ses convictions et nuancé dans ses jugements…, aidera à prendre conscience des questions essentielles soulevées par la progression des sciences médicales« (Y. de Gentil-Baichis, p. 9). - A. Chapelle, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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