L’homme, irrémédiable ? Rends-nous la joie de ton salut !

Guillaume de Menthière
Morale e diritto - reviewer : Xavier Dijon s.j.

Le chanoine de Menthière a donné trois années de suite les conférences de Carême à Paris : à Notre-Dame d’abord puis, après l’incendie de la cathédrale, à Saint-Germain l’Auxerrois. Les six conférences ici rassemblées ont exploré, en 2021, le thème du salut, suggéré au conférencier par son archevêque, Mgr M. Aupetit, lequel signe la préface de l’ouvrage. Il fallait un certain courage à l’A. pour déployer ce thème du salut et des fins dernières alors que l’opinion publique se contenterait plutôt, sur ce thème, de la chanson de Michel Polnareff, On ira tous au paradis. Prenant pour fil conducteur le thème de l’Exode, l’A. y voit une parabole de l’homme successivement recherché, puis délivré, réparé, jugé et finalement béatifié, ce qui lui permet de rafraîchir les notions quelque peu fanées de mérite (comme acte et non comme droit), de péché (dont Dieu sauve), de Satan (que l’on sert en ne croyant pas en sa présence), de purgatoire (l’ultime vestiaire où l’on peut se changer) et d’enfer (considéré comme un droit de l’homme puisqu’il atteste la liberté humaine…). La leçon globale du livre est que, quoi qu’on dise, tout n’est pas indifférent : il y a du mal à éviter et du bien à faire, en comptant encore et toujours sur la grâce (encore un mot oublié) du Christ ressuscité, notre Terre promise. Ce rappel est heureux, confirmé par de nombreuses citations des Pères et illustré par des anecdotes aptes à soutenir l’attention des auditeurs du conférencier. De nombreuses formules sont bienvenues : l’écologisme cathare ; le Verbe devenu le cloud ; le Royaume est gratuit parce qu’il est hors de prix ; apprendre à discerner tous pourris et tous tentés. Quelques-unes sont de moins bon goût comme « potence [d’Auschwitz] et omnipotence [de Dieu] ne sont pas compatibles » (p. 26) ou cette prière dans la bouche de Dieu : « Etty viens à mon aide ! Hillesum à mon secours ! » (p. 27). On pourra s’étonner aussi de la comparaison des mesures sanitaires limitant l’accompagnement des défunts avec l’ordre de Créon « devant lequel on n’a pas vu beaucoup d’Antigone se rebeller » (p. 183). Un détail à vérifier : l’A. rapporte (p. 231, n. 39) le mot du premier cosmonaute russe Gagarine affirmant que Dieu n’existait pas puisqu’il ne l’avait pas vu dans l’espace. Or plusieurs témoignages rapportent que cette phrase de propagande fut tenue par Nikita Khrouchtchev, et non par le chrétien orthodoxe qu’était Gagarine. Au total, ce livre solide se laisse lire assez aisément et fera du bien en rappelant aux chrétiens le sérieux de leur vocation. — X. Dijon s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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