L'uno per l'altro. Per un'etica della trascendenza

Bruno Forte
L'ouvrage présenté ici constitue le quatrième de la série intitulée Dialogica dont a parlé la recension précédente et qui partait d'une réflexion sur la révélation pour se poursuivre en esthétique théologique, puis en métaphysique, pour s'achever ici en éthique. Ces ouvrages sont en discussion continue avec des auteurs, un peu à la manière de la dogmatique de Hans Urs von Balthasar dont Mgr F. est un grand admirateur. L'oeuvre est décidément d'un théologien, attentif à l'Infini de Dieu, à son altérité, mais attentif aussi à reconnaître chez les auteurs qu'il approche la même attitude d'écoute, cachée parfois sous des aspects qui peuvent tromper. Le coeur de l'homme est de dialogue, et ses recherches éthiques n'aboutissent jamais sans reconnaître en soi une présence d'altérité. L'éthique que l'on dit moderne et qu'on enferme dans un individualisme sans nuance n'existe pas vraiment chez la plupart des grands écrivains qui ont façonné notre pensée contemporaine.
Même chez Kant, même chez le philosophe le plus prudent pour que la liberté ne soit pas envahie par une hétérogénéité, il y a des traces d'altérité: les apories auxquelles s'affronte La Religion dans les limites de la simple raison en est un signe évident. Le mystère de l'homme l'empêche de s'enfermer en lui-même, même lorsqu'il s'agit pour lui de penser avec audace, de prendre l'entière responsabilité de ses actes. Les penseurs parcourus témoignent tous de la même exigence. Que ce soit Vico, Alphonse de Liguori, Kant comme on vient de le dire, Drey (le fondateur de l'école de Tübingen), Rosmini, Bonhoeffer, Guardini, Lévinas, Mancini ou notre contemporain Vitiello, professeur à Salerno, athée et ami de Mgr F., tous ont insisté sur l'impossibilité pour la conscience de s'enrouler sur elle-même afin de poser des jugements éthiques corrects, c'est-à-dire simplement humains.
L'ouvrage s'attelle ainsi au problème de la fondation de l'éthique, sans en revenir aux thèses d'une objectivité «pure et abstraite» (p. 8) du bien; il s'agit plutôt de rejoindre «la profonde nostalgie du coeur humain, sa structure inquiète et problématique» (ibid.). - P. Gilbert sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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