La Concorde de Leuenberg. Cinquante ans de communion ecclésiale. 1973-2023

André Birmélé
Teologia - reviewer : André Haquin

Le mot de « Concorde », donné au document de 1973, signé par 109 Églises issues de la Réformation du xvie siècle, est inhabituel dans les textes d’accords œcuméniques. Il souligne le passage de la « discorde » entre Églises de la Réforme à la « concorde » ou communion ecclésiale. Ces Églises d’Europe longtemps séparées sont parvenues à un consensus théologique, permettant la pleine communion ecclésiale, en se reconnaissant comme des expressions authentiques de l’unique Église du Christ, tout en conservant leurs propres traditions, structures, manières de dire et de vivre la foi. En effet, les fidèles peuvent passer d’une église à l’autre et les ministres sont le plus souvent interchangeables, comme le rappelle la postface (p. 223).

Professeur émérite de la Faculté protestante de Strasbourg, André Birmelé, théologien luthérien reconnu, présente de manière précise et synthétique l’ensemble du dossier, à commencer par le texte d’accord lui-même qui comprend 49 numéros : « Concorde entre Églises issues de la Réforme en Europe. Concorde de Leuenberg, 16 mars 1973 » (p. 15-26). Les signataires de ce document furent d’abord les Églises luthériennes et réformées et ensuite l’Église méthodiste.

Le texte de la Concorde comporte quatre parties : Le cheminement vers la communion, qui rappelle les éléments communs à l’origine de la Réforme et la situation ecclésiale actuelle, caractérisée par les nombreux rapprochements ; La compréhension commune de l’Évangile et les aspects déterminants pour la communion ecclésiale, à savoir la doctrine de la justification et de la « libre grâce de Dieu », la prédication, le baptême et la Cène ; L’accord face aux condamnations doctrinales de l’époque de la Réforme, c’est-à-dire les dissensions entre Luther et Zwingli sur la Cène, les difficultés en matière de christologie et la double prédestination (Calvin), éléments qui aujourd’hui ne font plus débat ; Déclaration et réalisation de la communion ecclésiale. Cette partie concerne la prédication et l’administration des sacrements, incluant la « reconnaissance mutuelle des ordinations et la possibilité d’intercélébration » (no 33), d’où la réalisation de la communion ecclésiale.

Ensuite, en six chapitres, A. Birmelé se fait l’historien de l’accord ainsi que son exégète. Il revient sur le contentieux du xvie siècle et les dialogues nationaux et européens qui ont précédé la Concorde de Leuenberg (chap. 1). Il développe son commentaire théologique du texte de l’accord, en évoquant de manière plus précise le contexte du xvie siècle et celui du xxe siècle (chap. 2). Il montre que le travail s’est poursuivi par une dizaine d’assemblées générales en divers pays d’Europe (1976-2018) qui ont favorisé la réception de l’accord et les progrès de la communion ecclésiale (chap. 3). L’ecclésiologie a profité de l’assemblée générale de Vienne (1994) concernant l’Église elle-même, don de Dieu, le sacerdoce de tous les croyants et le ministère ordonné, notamment épiscopal, et le rapport Parole-Sacrements (chap. 4). La fécondité de la Concorde de Leuenberg s’est manifestée dans le mouvement œcuménique lui-même par de nouveaux accords et contacts avec Constantinople et Rome (notamment du point de vue catholique la Déclaration commune sur la justification de 1999) comme on le voit aux pages 178 à 190 (chap. 5). Un dernier chapitre évoque les « progrès et défis » de la Concorde, celui de sa compréhension et d’une réception en profondeur ainsi que celui de la « catholicité » et de la « conciliarité » à vivre entre Églises et au sein de chaque Église.

En Postface (p. 224-231), le théologien néo-louvaniste Joseph Famerée entreprend avec A. Birmelé un véritable dialogue en rapport avec les nos 35-49 de la Concorde, rejoignant certaines de ses préoccupations concernant la réception du document au plan théologique et de la vie chrétienne effective. J.F. pointe également l’importance de l’unité au plan visible comme signe d’une communion en croissance, et la nécessité de poursuivre le travail théologique, notamment concernant les ministères ordonnés, principalement celui de l’évêque. La bibliographie œcuménique donnée au terme de l’ouvrage concerne la Concorde de Leuenberg et les accords des dernières années. — A.H.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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