La crise maccabéenne. Historiographie juive et traditions bibliques
Étienne Nodet opSacra Scrittura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Un 1er chap. parcourt les traditions concernant les commémorations de la fête maccabéenne et s'efforce de voir clair dans la persécution séleucide, en examinant les livres des Maccabée en confrontation avec Daniel et Fl. Josèphe. Le 2me chap. analyse patiemment les faits d'histoire: dates, chronologie, mort d'Antiochus IV, personnages des grands prêtres Simon et Jonathan, de Judas Maccabée avec l'exploit du 25 Kisleu 148 et le départ de la tradition le concernant. Il se penche en particulier sur les mouvements d'hellénisation, les persécutions et la révolte, et fait un bref bilan des événements à la base de l'historiographie juive. Un 3me chap. nous embarque dans une étude à nouveaux frais des institutions et des structures en vigueur dans la Judée et la Samarie de l'époque, avec les deux temples de Jérusalem et du Garizim: quelle réalité recouvre «l'hérésie» samaritaine? Il précise encore le statut de la Judée et de Jérusalem à l'ombre de la citadelle antiochienne avant d'étudier de près les généalogies pontificales, le sacerdoce israélite, les tensions entre gouverneurs étrangers et autochtones, et surtout l'émergence des Asmonéens: pourquoi et comment sont-ils parvenus à s'implanter? Que signifiait le temple à l'époque et en quoi a consisté sa profanation? Qu'étaient les assidéens face aux esséniens? Des conclusions achèvent de déstabiliser nos représentations habituelles. On demeure émerveillé devant l'immense culture de l'A. et la sagacité avec laquelle il nous fait évoluer tout au long de son travail.
Bref une lecture décapante et volontiers provocante qui renouvelle complètement notre vision des faits tels que nous les lisions dans les livres des Maccabée. Nous mesurons mieux l'écart entre les événements et la lecture qu'en fait la Bible grecque. Nous découvrons le judaïsme d'un regard neuf: ainsi, le courant samaritain ne serait-il pas celui qui était en vigueur en Palestine jusqu'au IIe siècle, qui aurait été subverti par un judaïsme jérusalémite inaugurant une ère nouvelle avec la complicité de Rome? Même si certaines hypothèses émises par l'A. restent conjecturales, le regard inédit qu'il porte sur l'histoire d'Israël au IIe siècle nous permet de mesurer avec plus de discernement l'intention théologique des textes bibliques. - J. Radermakers sj