Le présent recueil est le fruit du Colloque «Fragilités interdites.
Plaidoyer pour un droit à la fragilité», organisé, en janvier 2009,
par l'ISTR, Institut de Science et de Théologie des Religions
(Toulouse), en association avec l'Arche. Pour Marie Balmary,
psychanalyste, la première fragilité, dans la vie comme dans la
Bible, c'est la différence homme-femme. Pour Elena Lasida,
économiste, la fragilité engage l'économie dans la voie de la
solidarité, l'économie devenant facteur de médiation sociale. Lytta
Basset, théologienne protestante, instruite par l'expérience d'un
décès tragique, préfère parler de fragilisation: «nous ne serons
jamais plus comme avant, nous ne pourrons jamais nous passer des
autres». Jean Vanier, Fondateur de l'Arche, décrit les communautés
de l'Arche comme des lieux de paix où, en relation avec une
personne fragile, nous découvrons la grande égalité de notre
condition d'hommes mortels: de la fragilité jaillit la lumière.
Xavier Emmanuelli, médecin urgentiste, se présente comme témoin
privilégié de la fragilité, marque de l'humain: ma mission, c'est
le souci de l'autre, dans la juste distance. Suivent alors quatre
contributions plus courtes. J.M. Gueullette, prêtre et médecin,
évoque la fragilité du soignant face à son impuissance qu'il est
tenté de taxer d'incompétence. Lama Puntso rappelle le point de vue
bouddhiste: la réalité fondamentale des choses est la vacuité, la
non-dualité inhérente à chacun. Pour E. Geoffroy, l'islam soufi en
est assez proche: l'engagement dans la voie soufie revient à une
mise en fragilité, qui consiste à démolir toutes nos illusions. Le
point de vue chrétien est exposé par B. Ugeux, missionnaire
d'Afrique, co-fondateur de l'ISTR: la fragilité nous invite à
accepter la vie et à nous entraider dans l'épreuve. Tout l'ouvrage
plaide pour une véritable compassion, dépourvue de
« pitié ». - P. Detienne sj