La haine n'aura pas le dernier mot. Maggy, la femme aux 10 000 enfants

Chr. Martin L. Nobécourt
Biografie - reviewer : Etienne Rousseau
Si le titre «Pas d'avenir sans pardon» n'avait été retenu par le livre de Desmond Tutu (même éd., année 2000; cf. NR T 123 [2001] 137), il aurait pu coiffer cet ouvrage. Sans la nommer, il fait la part belle à une «dame» dont la figure et l'engagement honorent la terre d'Afrique, plus particulièrement ce Burundi au service duquel elle consacre le plus clair de ses forces et de son coeur; tout spécialement aux enfants, avec la maison Shalom.
Comment ce pays en est-il arrivé, lui qu'on appelait la «Suisse de l'Afrique» (24), à s'entredéchirer dans les haines entre groupes ethniques, les vengeances, le mensonge qui règne comme érigé en loi? Chrétienne désireuse de ne pas laisser se faner la foi déposée en son coeur et entre ses mains, Marguerite Barankitse va poser, à partir des événements de 1993, des actes de plus en plus radicaux et courageux. Des enfants, des visages et des corps meurtris et violentés d'enfants, ayant pour beaucoup vu assassiner sous leurs yeux leurs parents, seront l'aiguillon qui la pousse à remettre en question un état de fait qui permettait à l'assassin de côtoyer impunément les survivants de ses victimes.
M.B. en appelle sans relâche à pratiquer un pardon et une justice qui réconcilient «en actes», à se recentrer sur le plus intime où chacun peut se reconnaître aimé inconditionnellement. Mais pour autant, elle n'en demeure pas à des considérations éthérées. Elle stigmatise les mille et une attitudes où le fléau de la balance est faussé, tant chez les colonisateurs d'hier que chez les «humanitaires» actuels. Elle se retrouve ainsi souvent en porte-à-faux, à contre-courant, forte toutefois d'une vie intérieure qu'elle protège jalousement, et de soutiens hors de son pays, qui lui permettent de rêver grand et beau.
Ce livre n'est pas une hagiographie anticipée; le sujet principal ne manque pas de mettre le doigt sur des zones d'ombre dans son action. Au fil des pages, on est guidé à la rencontre patiente et émue de ces destinées remises debout, de ces solidarités tenaces. Signe d'ouverture: en 2001, la Maison Shalom est devenue apolitique et non confessionnelle, pour mieux aider ceux qu'elle accueille et qu'elle veut remettre dans le circuit de la vie «courante». Si ceux-ci demandent «Que puis-je faire pour mon pays?» (174): «Premièrement devenir moi-même». Merci à ces témoins qui nous crient: «Nous n'avons été créés que pour nous rendre mutuellement heureux» (204). - Ét. Rousseau

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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