La libertà colpevole. Perdono e peccato nella teologia di H.U. von Balthasar

R. Carelli
Teologia - reviewer : Mario Imperatori s.j.
On peut situer l'étude de R. Carelli dans la même mouvance que celle de Reali, dont elle prolonge la réflexion - les deux ont d'ailleurs été élaborées sous la direction de S. Ubbiali - , en proposant une analyse fort intéressante et riche autour du sacrement de la confession. L'A. veut mettre en évidence chez Balthasar une réflexion non rationaliste sur le péché, capable de fonder la nécessité du sacrement de la confession, tout en restant en même temps critiquement attentif aux implications anthropologiques de la réflexion balthasarienne sur le quatrième sacrement (cf. p. 3).
Après avoir précisé que chez Balthasar l'analyse du drame de la liberté coupable doit toujours être située entre la kénose divine et la tragédie humaine, Carelli, fort à propos, consacre un chapitre de son livre à l'analyse de l'oeuvre d'A. von Speyr La Confession, dont l'influence sur Balthasar est bien soulignée (27-43). Ensuite, après une analyse d'Épilogue où il essaie de mettre en évidence les rapports entre anthropologie, sotériologie et sacrement (p. 44-80), il propose une relecture de la Théologique visant à éclairer comment la logique de Dieu peut comprendre l'illogisme du péché et sauver ainsi la liberté coupable (p. 81-164).
C'est à la lumière des résultats de cette relecture qu'il aborde alors la Dramatique divine comme lieu privilégié pour bien saisir les rapports entre pardon et péché, kénose et tragédie (p. 165-367). Nous sommes là au coeur de l'ouvrage, dont le fil rouge est représenté par l'analyse de l'articulation balthasarienne entre théologie et anthropologie. Ici l'auteur se montre très attentif à bien saisir la complexité de la démarche balthasarienne, qui s'efforce de rendre compte le mieux possible de la réalité de la liberté humaine impliquée dans la théodramatique.
Dans ses conclusions, Carelli souligne comme acquis positif la primauté que le théologien suisse accorde au pardon par rapport au péché, révélé sur la croix par le Christ au moment même où il pardonne, une primauté rendue en outre existentiellement accessible au pécheur par la ritualité sacramentelle, ainsi théologiquement bien fondée. Par contre, et malgré l'indéniable effort balthasarien que Carelli documente avec précision surtout à propos de l'Action et du Dénouement, l'explicitation des conditions proprement anthropologiques de l'accueil du pardon divin par l'homme reste en dernière analyse insuffisante, à cause notamment d'une interprétation des rapports entre la finitude humaine et son fondement qui en souligne trop le caractère paradoxal et négatif, sans montrer en même temps que la finitude humaine dans son exercice même peut être le lieu qui renvoie positivement à son fondement même.
À la fin de son étude, Carelli propose une sorte de prolongement de la réflexion balthasarienne à la lumière d'une interprétation de la liberté humaine capable d'en montrer dans son actuation même le rapport à la vérité, à l'altérité et à la transcendance (p. 396-405). L'étude de Carelli est intéressante, originale, rigoureuse et bien documentée. Nous estimons qu'il existe dans les Prolégomènes des traces d'une herméneutique de la liberté humaine du type proposé par Carelli, mais celles-ci ne semblent pas avoir été reprises par Balthasar dans TD 4 et TD 5. - M. Imperatori, S.J.

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