P. Levillain, ancien membre du Comité Pontifical des Sciences
Historiques, jouit d'une certaine réputation comme connaisseur du
gouvernement de l'Église universelle, surtout depuis le
2e concile du Vatican, et a déjà publié, en 2008,
une monographie sur Benoît xvi et son pontificat. Le
livre que voici analyse la renonciation du pape bavarois au
ministère pétrinien en fév. 2013. L'A. décrit amplement quelques
difficultés auxquelles Benoît xvi dut faire face au cours
de son pontificat, en prêtant une attention particulière aux
tensions avec la fraternité St Pie x et avec les finances du
Saint-Siège. Les efforts fournis par Benoît xvi pour
affronter ces défis, souvent ignorés par son prédécesseur, se
heurtaient à la résistance forte de certains cercles
ecclésiastiques. Pour cette raison, leur succès était plutôt
modeste, sans que cela ait pu pousser le pape à changer de route. À
l'arrière-plan des moments - forts médiatisés - de crise pendant le
pontificat de l'ex-cardinal Ratzinger se trouve la tension entre
tradition ecclésiale et vie (post)moderne, tension qui se fait
sentir surtout sur le champ de la morale sexuelle. L'A. souligne
qu'il y a plus de continuité entre le pontificat de
Benoît xvi et celui de François qu'on ne pourrait le
soupçonner. Les deux papes partagent la conviction que l'Église n'a
d'avenir que par l'attachement au Christ, ce qui demande d'elle un
effort de « démondanisation ». Le livre ne contient pas
de révélations sensationnelles, il s'abstient de spéculations
invérifiables et il garde la neutralité envers les protagonistes
principaux de son récit. Agréable à lire, il contribue sans doute à
une meilleure compréhension d'un pontificat que beaucoup seraient
tentés de réduire à un simple passage entre le pontificat de saint
Jean-Paul ii et celui de François. - R. Jahae o.m.i.