La piété populaire, une chance pour l'évangélisation
Maximilien de La MartinièreSpiritualità - reviewer : François Odinet
La première partie propose une approche sociologique, plutôt de l'ordre de la vulgarisation, même si l'A. ne manque pas d'y prendre position personnellement. Pour définir les termes de religion, religiosité, piété et dévotion populaires, il part d'une théologie de l'inculturation. Il considère - position très stimulante mais qui appelle le débat - que la religiosité populaire se déploie du fait d'un déficit de l'inculturation, comme un chemin de traverse par rapport à la voie religieuse « officielle » et liturgique. L'A. propose aussi une analyse de la religiosité populaire en contexte postmoderne, avec ses caractéristiques : pluralisme, subjectivisme, globalisation, appui sur des traditions culturelles transformées mais pas effacées…
La seconde partie offre une typologie des dévotions populaires, considérées comme des systèmes de médiation entre l'être humain et le « tout cela » qui le dépasse et le menace. Ce recours à la catégorie de médiation se révèle opératoire et ouvre bien des pistes théologiques au lecteur. L'A. détaille la place que tiennent les intercesseurs (la Vierge Marie, les saints, les anges, le prêtre), les gestes et lieux, ainsi que les temps (le quotidien, les temps extraordinaires marqués par des événements clés de l'existence ou des épreuves spécifiques). Dans toute cette partie, le discernement est opéré en vertu de la conviction suivante : la piété populaire n'est pas tant un type de religiosité « à évangéliser » qu'une ressource aujourd'hui essentielle pour l'évangélisation. Cette perspective convaincante donne à l'ensemble du propos un grand intérêt pastoral. - F. Odinet