Dans la réincarnation, seule l'âme passe dans un corps différent et
réalise son sort ultime à travers de multiples réincarnations
purificatrices avant de pouvoir enfin fusionner en Dieu et se
perdre en lui. Les adeptes actuels de cette doctrine en Occident
ont l'impression de pouvoir choisir leurs différentes vies. Cette
doctrine est loin d'être une doctrine toute simple et elle s'est
précisée et imposée lentement chez nous à partir des religions
orientales et surtout grecques. Elle a prospéré aux deux siècles
passés à travers le spiritisme jusqu'au New Age. Elle croit à
l'autonomie absolue de l'individu et au progrès illimité, dans la
ligne des best-sellers de Gina Germinara, De nombreuses demeures
(1950) et de James Redfield, La dernière révélation (1996).
Par-delà des arguments fragiles, la réincarnation peut donner sens
à la vie de certaines personnes qui veulent prendre leur destinée
en main jusqu'au seuil de l'au-delà. On ne doit pas ridiculiser
cette croyance. Les chrétiens, qui parlent actuellement fort peu de
l'autre vie, doivent eux-mêmes justifier leur point de vue sur la
résurrection en respectant la foi des autres. N'oublions pas que
dans les sondages, un quart des catholiques pratiquants se disent
partisans de la réincarnation.
Livret très bien fait, objectif, décapant, sérieusement informé, il
est l'oeuvre d'un professeur de religions à l'Université Laval du
Québec. Mais il insiste trop peu, nous semble-t-il, sur la
différence entre le salut chrétien, don de Dieu obtenu par la foi,
et le salut recherché dans la réincarnation par la seule activité
humaine. - B. Clarot, S.J.