La société dans les Encycliques de Jean-Paul II. Colloque organisé à la Fondation Singer-Polignac le 22 févr. 2000, éd. E. Bonnefous et P. Valdrini
Col.
Teologia
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reviewer :
Bernard Joassart s.j.
Cet ouvrage rassemble les communications présentées lors du
colloque organisé par la Fondation Polignac-Singer le 22 février
2000. Depuis Léon XIII surtout (pour faire court), les encycliques
sont devenues un moyen privilégié d'enseignement pour les papes, et
sous une forme qui ne relève plus de la seule condamnation d'idées
jugées hétérodoxes. Les participants se sont proposé de voir quelle
est la vision de la société développée par l'actuel évêque de Rome
à travers différents grands textes. Il n'est évidemment pas dans
mon propos de vouloir occulter la qualité des interventions des
orateurs. Soulignons entre autres celle de Roland Minnerath,
L'Église catholique, une société spécifique, qui rappelle très bien
que si l'expression de «société parfaite», tellement en honneur au
XIXe siècle, est actuellement rejetée, l'Église n'en a pas moins
une spécificité qui lui est conférée par son origine et sa finalité
qui la différencient de la société civile, sans pour autant
s'opposer à elle. Il me paraît toutefois que l'exposé d'Henri
Madelin, La conception de la Société dans les encycliques de
Jean-Paul II est peut-être le plus intéressant. Il est d'ailleurs
le plus développé, ce qui a permis à l'auteur de ne pas se
soumettre exagérément à la loi du genre colloque qui
malheureusement impose parfois des compressions empêchant de
vraiment exposer une question autrement que par survol. Relisant
les grands textes du pape, l'A. met en évidence combien la création
et l'incarnation sont les points d'appui de ces textes. Et fort de
ces bases, le pape s'efforce de montrer qu'une société n'est bonne
que si elle est au service de l'homme, que si la liberté humaine
accepte la libération apportée par le Christ, et que si cette
liberté peut trouver les conditions de son plein exercice, en
particulier par le biais de la liberté religieuse. Et il n'est
peut-être pas inutile d'insister sur le constat d'H.M., à savoir la
réelle modernité de la pensée de Jean-Paul II; celui-ci se situe
évidemment dans la continuité de ses prédécesseurs, mais ses
analyses (qui certes sont influencées par son expérience polonaise)
dépassent sans nul doute les contingences passées et sont bien au
fait des dimensions de l'histoire actuelle, où les exigences
éthiques sont de plus en plus grandes, en proportion avec les
acquis technologiques sous toutes leurs formes. - B. Joassart sj