L'Institut d'Études Augustiniennes, composante du laboratoire
d'études des monothéismes (cnrs - ephe - Paris iv), et le Groupe de
recherches sur les non-conformistes religieux des xvie et xviie
siècles et l'histoire des protestantismes (Univ. de Strasbourg)
inaugurent une collection d'ouvrages d'histoire de l'exégèse afin
de recueillir les contributions des Journées d'exégèse biblique
consacrées à des passages ou des thèmes de l'AT et du NT qui posent
question.Dans ce 1er volume de la série, il s'agit du fameux
«mensonge» d'Abraham qui fait passer sa femme pour sa soeur lors de
leur visite au pharaon. Cinq spécialistes ont collaboré à cette
étude: J. Joosten (Strasbourg) traite du voyage en Égypte du couple
patriarcal, puis M.-O. Boulnois (École pratique des hautes études)
examine les péricopes de Sara «soeur-épouse» (Gn 12,10-20 et
20,1-18) chez les Pères grecs. D. Banon (Strasbourg) en fait une
lecture juive en ajoutant Gn 26,1-11 et G. Dahan (cnrs - ephe)
consulte les exégètes du Moyen Âge. Enfin A. Noblesse-Rocher
(Strasbourg) se penche sur le «mensonge» d'Abraham dans des
commentaires évangéliques protestants entre 1500 et 1560. Ces
différentes approches montrent les manières dont le texte a été
compris au cours du temps avec des préoccupations diverses.
L'intérêt de ce petit volume est de rencontrer des explications
parfois inattendues suivant les époques.Dans le 2e ouvrage, nous
trouvons la péricope des talents (Mt 25,14-30) ou des mines (Lc
19,12-27), étudiée suivant le même procédé. De l'histoire de
l'exégèse de cette parabole ont été retenus cinq moments
particuliers démontrant que l'interprétation des textes sert aussi
les intérêts des commentateurs et permet de découvrir comment
évolue l'exégèse. L'introduction est signée par le concepteur du
projet (M. Arnold, Strasbourg). Dans l'Antiquité, à la suite
d'Origène et d'Ambroise, le pseudo-Cyprien de Carthage (iiie s.)
comprend la parabole sur le mode ascétique: porter du fruit au
centuple (A. Gonnelle, Strasbourg). Au viie s., on l'applique à
l'activité de prédication sacerdotale ou à l'exemple requis des
laïcs (E. Bain, Nice). À la Réforme (xvie s.), le talent devient
encore la Parole de Dieu pour M. Luther, ou l'engagement du
chrétien au service du prochain pour J. Calvin, dans un contexte de
grâce et de mérites (M. Arnold). À quoi le jésuite Cornelius a
Lapide (xvie s.) répond avec une interprétation moralisante prenant
en considération les capacités de chacun à faire fructifier les
dons divins (J. Robert-Armogathe, ephe, Paris). Enfin l'exégèse
contemporaine fait état du contexte eschatologique du récit
évangélique exigeant une fidélité active en fonction du don reçu,
compte tenu des différences entre exégèse protestante et catholique
(F. Cousin, Lyon).Une palette bigarrée qui fait découvrir les
points de vue divers des auteurs d'après les courants théologiques
du moment. Éclairés par ce document, les exégètes pourront mieux se
situer, dévoilant ainsi leur option théologique personnelle. - J.R.