La storiografia di Massimo Petrocchi

D. Veneruso
Storia - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Massimo Petrocchi (1918-1991) fut l'un des historiens les plus importants de l'Italie contemporaine. Son père, disciple de don Sturzo, lui communiqua ses convictions chrétiennes qui le soutinrent à travers toute l'époque fasciste et contrebalancèrent l'influence des penseurs du régime, Gentile et Croce. Chercheur en histoire chrétienne, M.P. osa étudier l'histoire chrétienne de l'Italie avec ses aspects politiques, culturels, économiques et sociaux, sans négliger la piété, la spiritualité et la théologie. C'était audacieux et risqué, mais certains professeurs le soutinrent contre les critiques.
Ses recherches lui permettent de retoucher les jugements unilatéraux sur la Restauration des États Pontificaux après 1816 et de mettre au point sa propre méthode historique. Il revisite le XVIIIe s. et critique son esprit géométrique qui fausse l'histoire réelle, et son rationalisme historique qui mène droit au déterminisme. Le nationalisme naissant rend les peuples rivaux les uns des autres. En Italie, au XIXe s., beaucoup sentent le besoin de séparer politique et religion, tel Rosmini contre Gioberti. Petrocchi remonte alors à la Contre-Réforme catholique qui marque le redressement admirable de l'Église catholique après le concile de Trente. Ceci l'amène à se spécialiser dans les XVIIe et XVIIIe siècles; il voit le quiétisme comme une réaction à la prédestination affirmée par les protestants et les jansénistes. C'est face à la corruption totale de l'homme par le péché originel et le rigorisme enseignés par eux que sont nés les différents probabilismes et la casuistique pour nuancer la responsabilité humaine en tenant compte des progrès de la psychologie d'alors. Les excès laxistes furent le fait d'individus et non d'un vrai courant.
Puis Petrocchi se tourne vers les relations entre piété, amour de Dieu et la vie. Il étudie la «devotio moderna» en Italie au XVe s., cinq mystiques italiens, les superstitions, etc. et il aboutit peu à peu à son oeuvre la plus importante sur la spiritualité italienne du XIIIe au XXe siècles en trois volumes (1978), un peu comme l'abbé Bremond le fit brillamment pour la France. C'est le premier ouvrage de ce type en Italie et il fait connaître au grand public bon nombre d'auteurs spirituels valables mais méconnus. Il est clair que M.P. n'a pu tout étudier de première main, malgré ses nombreuses recherches antérieures, mais son ouvrage reste valable malgré les critiques de détail qu'on peut lui adresser.
À partir de 1983, ses forces déclinent et l'empêchent de continuer ses recherches. On lui décerne alors un ouvrage d'hommages qui souligne son oeuvre souvent solitaire, son esprit original, chrétien et critique, toujours humaniste; il a valorisé la personne, la liberté morale, un Dieu transcendant. On admire chez lui l'historien chrétien engagé dans le monde, qui a rappelé que l'expérience mystique est ouverte à tout chrétien et que celui-ci est une personne sociale destinée à aimer Dieu et le prochain. Il est vrai que Massimo s'intéresse peu à l'action sociale comme telle, probablement à cause de sa jeunesse où le fascisme régentait toute la vie sociale italienne après avoir éliminé le parti et l'action catholiques.
Il faut saluer l'ouvrage si bien documenté de D. Veneruso, professeur d'histoire italienne à Gênes, qui nous fait connaître un penseur chrétien moderne qui a osé redresser bien des idées fausses sur le christianisme et l'histoire chrétienne en Italie et qui a dirigé ou inspiré nombre de chercheurs et d'écrivains. - B. Clarot sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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