La théologie politique de Pierre de Bérulle (1598-1629)

Stéphane-Marie Morgain o.c.d.
Teologia - reviewer : Hubert Jacobs
Le P. St-M.M. s'est déjà fait connaître par diverses publications, notamment sur Bérulle et l'histoire du Carmel français. Cette nouvelle étude nous met au contact de la «rhétorique divine» qu'un abîme sépare des valeurs prisées à l'époque. Comme l'écrit R. Descimon dans la préface, l'écriture de Bérulle est l'expression d'une douleur, celle qui demeure après la dissipation des illusions ligueuses. Dans cet ouvrage, l'A. n'analyse pas la spiritualité bérullienne mais examine la théologie politique du fondateur de l'Oratoire. L'obsession fut pour lui l'inadmissible Édit de Nantes (1598). Le malheur rongeait le catholicisme français, déchiré entre les «catholiques royaux» qui situaient l'Église dans l'État, et les catholiques zélés qui situaient l'État dans l'Église. Refusant le catholicisme royal, Bérulle entendait réformer le corps de l'Église en pariant sur le fait que le roi finirait par ne plus tolérer les hérétiques en son royaume. Bérulle conjoignait mystique et politique. Denys était sa référence.
Pour l'approche théologique, le Christ était le centre du système cosmique; pour l'approche politique, le roi était le centre du royaume. La cité terrestre devait représenter la cité céleste et les deux cités devaient se hiérarchiser entre elles. Bérulle a donc été confronté à ces problèmes théologico-politiques. Ni pur spirituel, ni pur politique, il s'est efforcé de penser la relation entre les deux domaines. Son langage de dévôt a essayé de réaliser le lien entre les deux ordres. De sa pensée, l'A. décèle toute la complexité. Après avoir défini les choix politiques de Bérulle et ses motivations au moment de la proclamation de l'Édit de Nantes, il met en lumière les éléments de la réponse bérullienne aux déchirures de l'Église. Il montre bien comment sa logique devait conduire à un esprit de croisade auquel Richelieu devait opposer un temps d'arrêt. Cette opposition entre Bérulle et Richelieu traduit les débats théologico-politiques auxquels les deux cardinaux furent intimement mêlés et fait comprendre pourquoi Louis XIII finit par préférer les options de son cardinal-ministre. Nous laissons à R. Descimon le mot de la fin: le P. St-M. Morgain a écrit un «livre admirable». - H. Jacobs, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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