Sous ce titre à l'enseigne d'Angelus Silesius (57, cf. 181 n. 21),
un pasteur et théologien protestant nous offre l'une des plus
simples et des plus lumineuses introductions contemporaines à la
mystique chrétienne. Une précieuse «orientation bibliographique»
clôt l'ouvrage dont l'itinéraire nous porte des expériences
pré-mystiques à la voie de l'intériorité (sous le patronage
conjoint d'Etty Hillesum et de Maurice Zundel), puis au détachement
dans la prière (avec une réflexion sur «le moyen court et très
facile de faire oraison»), à la déprise de soi dans l'existence
(sans manquer le problème du «zen chrétien»), et même aux
«ténèbres» qui précèdent «l'union mystique», qu'elle soit amoureuse
ou plus trinitaire; les «fruits de l'union» en signent
l'authenticité. Sauf dans le portrait final de François d'Assise,
qui peine à interpréter les stigmates, la critique protestante
elle-même est souvent entendue (cf. pour Barth, 197) et justement
rencontrée.
Plus remarquable est le constant discernement de l'incompatibilité
de certains courants «spirituels», et surtout du New Age, avec le
langage des mystiques, ces «hommes et femmes de l'excès», à travers
lesquels «une Transcendance elle aussi blessée se fraye un chemin
jusqu'à nous» (236-237). Fait rare, les notes de bas de page valent
toujours le détour, ajoutant souvent à la sagacité du propos -
ainsi sur Drewermann (58), sur l'exégèse moderne (60), etc.
L'option, capitale en spiritualité, pour la réception des
textes-phares montre, précisément dans le respect de la distance,
leur actualité. - N. Hausman, S.C.M.