Le crépuscule du matérialisme

Richard Bastien
Filosofía - reviewer : Gauthier Kirsch

Dans la continuité de son ouvrage précédent (Cinq défenseurs de la foi et de la raison, chez Salvator), le canadien Richard Bastien passe à l’offensive sur le front des rapports entre religion et science. La thèse de cet ouvrage, destiné au grand public cultivé, est que l’opinion selon laquelle la science est incompatible avec la religion (catholique, en fait) est une affirmation typiquement matérialiste que l’on veut faire passer pour une évidence partagée par tous. Ce thème apologétique est bien développé par de nombreuses références, notamment à des penseurs anglo-saxons moins connus sur le vieux continent.

Après un avant-propos qui est une vigoureuse mise en cause de la cohérence de l’athéisme (presque aussi virulente – mais beaucoup plus ramassée – que l’attaque menée par R. Dawkins, le plus connu des « nouveaux athées » dans le monde francophone, cité plusieurs fois dans le livre), l’A. décortique, en trois chapitres, le côté idéologique de l’affirmation de l’incompatibilité entre science et foi. Il distingue le matérialisme philosophique et le matérialisme scientifique. Côté philosophique, les deux objections sont que le catholicisme n’est pas naturaliste et qu’il est irrationnel : ces arguments sont exposés, puis réfutés. Côté scientifique, R. Bastien détaille cinq étapes de la science contemporaine qui lui paraissent mettre en échec le matérialisme : le Big Bang, l’esthétique du cosmos, le principe anthropique, l’indétermination quantique et les théorèmes de Gödel.

Trois chapitres sont ensuite employés à exposer les griefs faits au christianisme dans l’histoire des sciences : « l’obscurantisme » médiéval (or, dès le xiie s., une dynamique continue de perfectionnement de la méthode scientifique est directement à l’origine des découvertes du xvie s.), l’affaire Galilée (où les problèmes personnels semblent prédominer sur les considérations scientifiques) et le darwinisme (notre A. distingue bien l’hypothèse de l’évolution de l’idéologie (néo)darwinienne, et expose trois théories interprétant différemment cette évolution).

Le dernier chapitre est davantage épistémologique : on y retrouve des éléments déjà développés dans le livre précédent. L’ensemble de ce petit ouvrage nous paraît une très bonne introduction à la problématique foi-science vue par le catholicisme, « décomplexée » à l’image – en plus modéré – des récentes déclarations tonitruantes des néo-athées anglo-saxons. — G. Kirsch

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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