Fruit d’une thèse de doctorat à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg, ce volume est presqu’un traité sur le mariage qui suppose une bonne connaissance de la philosophie, de l’exégèse biblique, de la patristique et de la théologie (christologie, ecclésiologie, sacramentaire). Il aborde également Vatican ii et l’enseignement des papes Paul vi et Jean-Paul ii. Le travail est centré sur la théologie du sacrement de mariage, à partir de l’union du Christ et de l’Église (Eph 5) ; il est à la recherche d’une théologie sacramentaire digne de ce nom, selon une définition de Karl Rahner.

La première partie « Le banquet des noces ou la structuration conjugale du salut » comporte sept chapitres : 1. L’enracinement vétérotestamentaire de l’image et sa dispersion sémantique ; 2. Le Nouveau Testament et le mariage comme symbole ; 3. Le mariage, type, antitype et symbole ; 4. Critères de Karl Rahner pour le déploiement de la symbologie ; 5. Crux interpretationis : les noces d’Ephésiens 5 ; 6. La charité conjugale à l’épreuve ; 7. Les actes de l’époux dans le Nouveau Testament. La seconde partie intitulée « Le développement contrarié de la dogmatique du mariage » présente cinq autres chapitres : 1. La compréhension patristique de l’image ; 2. L’évaluation scolastique de l’image ; 3. Théories des analogies autour du concile de Trente : obscuration du Realsymbole ; 4. Le concile Vatican ii. Attentes et déceptions ; 5. Les ouvertures prophétiques du Magistère pontifical (Paul vi et Jean-Paul ii).

L’A. s’inspire de la philosophie et de la théologie de K. Rahner auquel il emprunte le concept de Realsymbole, le « symbole réel » (sacrement) qui se distingue de l’usage courant, voire banal, du mot « symbole » (cf. K. rahner, « Pour la théologie du symbole », dans La corporéité de la grâce. Essai sur la doctrine sacramentaire, coll. Œuvres 18, Paris, Cerf, 1922, p. 435-474). En son temps, Rahner a fait œuvre de pionnier dans sa réflexion sur les sacrements comme « symboles réels » (cf. NRT 2023, 145, p. 324-326), mais soixante ans plus tard, pourquoi l’A. de la thèse a-t-il choisi la seule ontologie thomiste de Rahner, malgré ses limites au plan de l’ontologie et de l’épistémologie (p. 101) ? La réponse du doctorand est que cette théologie du symbole sacramentel lui paraît cohérente avec les données bibliques et l’enseignement du Magistère.

C’est à travers ce concept de « symbole réel » que l’A. évalue l’ensemble des données bibliques et des doctrines ultérieures, soulignant en finale l’intérêt particulier des documents de Paul vi (Humanae Vitae) et de Jean-Paul ii (Théologie du corps). Il étudie également Vatican ii (Lumen Gentium et Gaudium et Spes) de ce point de vue et conclut par ces quelques mots : « Attentes et déceptions ». Or, les commentateurs sont souvent élogieux sur l’enseignement de Vatican ii en matière de mariage : le Concile s’est inspiré des renouveaux biblique, ecclésiologique et sacramentaire, et a abordé les questions pastorales telles qu’elles se posaient à ce moment. La définition du mariage a été particulièrement appréciée : « Communauté profonde de vie et d’amour » (GS 48). Enfin, H.D. aurait pu trouver une riche moisson dans la Lex orandi du Rituel du mariage, notamment dans sa dernière édition qui insère une véritable épiclèse dans la bénédiction nuptiale.

Une pareille thèse aurait peut-être dû se limiter dans la matière traitée et utiliser conjointement les données classiques de la sacramentaire et les ressources d’aujourd’hui, comme la phénoménologie (J.-Y. Lacoste), les sciences du langage et l’herméneutique de P. Ricœur (p. 415) si importantes. L’ouvrage comporte une abondante bibliographie et diverses annexes qui fournissent des statistiques sur le mariage et sur l’usage « réalsymbolique » des images du concile Vatican ii concernant le mariage (p. 537-579). — A.H.