Le printemps du christianisme. Mémoire des premiers siècles

P. Vanderlinden
Storia del pensiero - reviewer : Paul Detienne s.j.
Les spécialistes n'y trouveront pas leur compte, opine l'A., prêtre, longtemps professeur de religion dans une École Normale. Son ambition, nous dit-il, se résume à présenter un «aperçu global et schématique» de l'histoire de l'Église, située dans le contexte politico-socio-culturel de l'époque patristique, laissant à d'autres la tâche de poursuivre son oeuvre à travers le Moyen Age et la Renaissance. L'étude s'étend du judéo-christianisme et de l'âge apostolique jusqu'aux querelles christologiques prémédiévales, en notant les différents développements (p. ex. en matière de liturgie, de hiérarchie etc.). L'A. y présente la vie et les oeuvres des théologiens qu'il rencontre en cours de route. Jean Chrysostome et Augustin sont abondamment cités. Jérôme est allègrement campé: caractère ombrageux, opportuniste, irritable, agressif; commentaires superficiels, argumentation alambiquée, malmenant le texte (de l'Écriture) au service de sa thèse. De Tertullien nous retenons: «C'est déjà un homme ce qui va le devenir». De Cyprien: «Il ne peut avoir Dieu pour Père celui qui n'a pas l'Église pour mère». D'Hippolyte: «Que tous les fidèles, dès le réveil, se lavent les mains et prient Dieu». Le texte est illustré de superbes citations (p. ex. la définition du vrai gnostique, dans les Stromates; la note circulaire de Licinius concernant les chrétiens), qui en constituent le principal attrait. L'A. évoque au passage notre liturgie post-conciliaire: à propos de la Catéchèse mystagogique, il préconise d'avancer le baiser de paix jusqu'avant l'offrande, et de retarder les intercessions jusqu'après la consécration; il prône le baptême par immersion, «un rite qui a bien de la peine à retrouver la place qu'il mérite» et la communion à la coupe «sans la faire passer de main en main». Il nous décrit un temps où un cabaretier ne pouvait être admis au baptême, où la pénitence canonique (qui n'était pas accessible aux clercs) contraignait le pénitent à observer la continence totale et définitive (au grand dam de son épouse!) et à exercer le rôle de fossoyeur bénévole. Le texte n'est pas dépourvu d'ambiguïtés: lorsqu'il parle d'un Cyrille ou d'un Grégoire, l'A. laisse au lecteur le soin de deviner s'il s'agit de Jérusalem ou d'Alexandrie, de Nazianze ou de Nysse. Et lorsqu'il nous apprend que Clément (d'Alexandrie) était capable de distinguer le bouddhisme de l'hindouisme, nous aimerions une référence. L'ouvrage, recommandé pour son exposé clair, son style familier, son texte bien aéré, est enrichi d'un index onomastique qu'un «décalage» dans les numéros de pages rend difficilement utilisable: 155 renvoie à 153; 420 renvoie à 416, etc. - P. Detienne, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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