En 1913, P. Teilhard de Chardin fait la connaissance de Henri
Bégouën, aristocrate passionné de préhistoire. Toutefois, c'est
avec son fils Max (1893-1981), juriste de formation,
particulièrement intéressé par les rapports entre foi et science -
et rencontré pour la première fois par le jésuite sur le front
belge en 1915 - et avec son épouse Simone (laquelle contribuera
largement à la diffusion des oeuvres du religieux), que Teilhard
vivra une forte amitié dont témoignent ses plus de 100 lettres ici
éditées, celles-ci étant pour la plupart précédées d'une
introduction qui en présente le contexte. Ce qui attire d'emblée
l'attention, c'est l'immense confiance que Teilhard accorde à ses
amis. Il s'adresse à eux sans respect humain, n'hésitant pas à leur
faire part de ses interrogations et de ses difficultés, notamment
lorsqu'il sera soupçonné d'hétérodoxie. Voilà qui, avec les oeuvres
publiées du savant, permet d'affiner la connaissance de la pensée
du jésuite, lequel était aussi un observateur attentif de son
époque riche qui connut bien des bouleversements. Et il n'est pas
inutile de souligner qu'une personnalité particulièrement sensible
et profondément humaine se dégage de ces documents.À l'occasion de
la publication, fort soignée (le seul reproche pratique que l'on
pourrait signaler est qu'il eût été intéressant de numéroter les
documents), de ce riche ensemble, les éditeurs ont eu la chance de
pouvoir compter sur la collaboration de quatre spécialistes qui ont
accepté de mettre en évidence l'un ou l'autre aspect de la pensée
de Teilhard: Jean-Pierre Demoulin livre tout d'abord quelques
Réflexions sur l'importance et l'originalité de cette
correspondance; François Euvé étudie Science et foi chez Teilhard;
Henri Madelin présente Un jésuite dans la tourmente du xxe siècle,
qui découvre entre autres les grandes idéologies de son époque;
Gustave Martelet s'est attaché à mettre en lumière Le dépassement
de la loi naturelle chez Teilhard face à la mort. Un livre que l'on
aura grand plaisir à lire. - B. Joassart sj