Les cahiersd'école de Thérèse de Lisieux 1877-1888, intr. et notes Mgr G. Gaucher avec le Carmel de Lisieux

Col.
Spiritualità - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Avant son entrée au carmel, Thérèse fut, si l'on peut dire, une enfant «normale» qui eut une scolarité en trois temps: dans la maison familiale, sous la houlette de ses soeurs, puis à l'abbaye des bénédictines de Notre-Dame-du-Pré (1881-1886), puis auprès d'une institutrice privée, Valentine Papineau (1886-1887). De ces années, on a gardé 25 cahiers et quelques autres documents qui permettent d'approcher ce que fut la formation intellectuelle de Thérèse. Ces documents, traces d'une éducation qui était destinée à «'former des jeunes filles à la fois chrétiennes et distinguées' et à leur enseigner 'tout ce qui peut être utile à une maîtresse de maison'» (p. 29) sont ici édités presque intégralement, accompagnés de nombreuses reproductions de parties de ces mêmes cahiers, et d'autres photos qui donnent une idée de l'environnement. Que penser d'une telle publication? Voici quelques avis qui permettront au lecteur de se faire une opinion.
En 1948, André Combes, certes excellent connaisseur de Thérèse, écrivait: «Thérèse est une Sainte canonisée. Le moindre mot écrit de sa main est une relique. Ses fautes d'orthographe elles-mêmes sont vénérables. Elles font partie de la Petite Voie! Lorsque sa plume encore maladroite trébuche sur un mot difficile ou hésite dans sa syntaxe, vous pensez qu'elle est encore l'élève de l'Abbaye qu'une faute de français risque de déshonorer: non, elle est la Sainte universelle… qui peut enthousiasmer les plus doctes par l'élévation de sa doctrine, tout en consolant les plus humbles par les banalités mêmes que la vie lui a parfois imposées» (p. 9). On voudrait pouvoir le croire. Quatre décennies plus tard, le carme Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus constatait: «J'ai pu avoir en mains ses devoirs et les comparer avec ceux d'une jeune personne qui était au pensionnat dans une autre ville mais à la même époque. En étudiant les copies, on constate que Thérèse était d'un développement moyen à ce moment-là. Il semble bien que la névrose avait comme paralysé ses facultés; les mathématiques lui apportaient de grosses difficultés; elle arrivait peu à peu à rédiger ses devoirs de style, mais avec une certaine note enfantine, comme une enfant un peu retardée au point de vue psychologique» (p. 28).
C'était en somme un écho à l'avis émis par un groupe de professeurs en 1957: «Facilité, caractère général du style où manque la rigueur: on devine l'enfant habituée à la conversation avec de grandes personnes. Composition simple et logique. Un certain talent de conteur. Peu d'originalité: aucun effort d'imagination pour recréer des personnages ou un cadre de vie. Souci d'un conformisme moral dû à l'époque de même qu'un attrait de la sensibilité pour le malheur et l'infortune. Fond banal, pauvre en idées. Cependant quelques saillies quand il s'agit de la nature, de sa famille, de Dieu et quelques trouvailles pénétrantes sur le coeur humain…. Ensemble correct, apprêté à la mode du temps, mais tout ordinaire, qui ne retient pas l'attention. Thérèse est une écolière parmi les autres. Pour apprécier ces devoirs, il a paru opportun de les comparer à ceux d'enfants de même âge, de la même époque, appartenant à des milieux scolaires différents. Les résultats laissent supposer une formation intellectuelle moins poussée chez Thérèse que chez ses contemporaines. Elle n'avait pas acquis davantage quand elle entra au Carmel, et pourtant, quel écrivain de qualité nous révèlent les manuscrits jaillis de sa plume huit ans après» (p. 28). Les deux dernières opinions étaient sans doute plus réalistes… - B.J.

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