188 personnages sont les hôtes de ce dictionnaire; encore faut-il
préciser que bien plus nombreux sont ceux cités qui ont eu des
accointances avec eux. Et la tâche n'était pas facile, non
seulement de les repérer, mais aussi de les présenter avec rigueur.
À compulser cet instrument, on peut dire que l'on trouve «de tout»
parmi ceux qui d'une manière ou d'une autre ont voulu se démarquer
du christianisme de leur temps - principalement le catholicisme -,
le jugeant soit trop avancé, soit trop rétrograde, ou ont carrément
voulu fonder une nouvelle forme de religiosité qui aurait quelques
fondements dans la foi chrétienne. On rencontre des gens «sérieux»,
c'est-à-dire des individus qui ont posé un authentique acte de
réflexion par rapport à l'«orthodoxie»: pensons à l'abbé Grégoire,
Lamennais, Saint-Simon, Charles Renouvier, Alfred Loisy, Marcel
Hébert, Joseph Turmel, Albert Houtin; on ne peut les ignorer sous
prétexte qu'ils seraient en dehors de l'orthodoxie. D'autres sont
«sérieux», mais pas nécessairement à cause du sérieux de leur façon
de comprendre la foi chrétienne, mais bien parce qu'ils
représentent un courant dont on ne peut pas ne pas tenir compte (il
suffit d'évoquer un Marcel Lefebvre et quelques-uns de ses affidés
ou autres personnages ayant plus que des affinités de pensée, tels
Louis Coache, François Ducaud-Bourget, ou encore Georges de
Nantes), surtout si, comme dans le cas d'un Lefebvre il y a
constitution d'une hiérarchie qui donne toutes les apparences de la
validité. D'autres sont aussi «sérieux», en particulier par le
danger qu'ils peuvent présenter: pensons à Gilbert Bourdin et son
Mandarom.
Et puis, il y a des «marges» qui semblent échapper à toute
définition sauf à être comprises uniquement par le fondateur ou
quelques fidèles d'élite. Rentreraient dans cette catégorie un
Michel Collin, pape auto-proclamé sous le nom de Clément XV, toute
espèce de visionnaires, prophètes, occultistes et autres
ésotéristes. Cela étant, l'ouvrage ne s'adresse pas qu'aux
chercheurs. Sauf dans le cas de «mouvements» disparus (il s'agit
alors d'une curiosité historique, à moins qu'il n'y ait des
résurgences), il permet aussi de saisir des réalités que tout
chrétien peut rencontrer et qu'il n'est pas toujours aisé de
comprendre de prime abord. Cette galerie est d'autant plus
précieuse que le ton adopté par les auteurs n'est jamais ironique,
alors que dans certains cas, surtout au vu de quelques
dénominations, ces mêmes auteurs auraient pu manier la raillerie
sans difficulté. - B. Joassart, S.J.