Le dialogue interreligieux a été abordé sous différents aspects:
ecclésiocentrique, christocentrique, théocentrique… Le présent A.,
professeur à Ottawa, en appelle à un pneumatocentrisme, qu'il
présente moins comme une stratégie pastorale que comme une aventure
spirituelle, basée sur l'expérience universelle de l'Esprit
(Rahner) et sur l'inversion trinitaire dans la vie de Jésus et
l'histoire du salut: Père- Esprit-Fils (Urs von Balthasar).
L'Esprit est proposé comme médiateur entre le Père et le Fils et
créateur de l'expérience missionnaire de Jésus. Il y a priorité de
la mission de l'Esprit sur la mission du Fils, les deux missions
étant intimement liées. L'impatience eschatologico- militariste et
la surobjectivation du message chrétien qui ont jadis été source de
violence et d'intolérance font place ici au respect de l'autre et à
la capacité de nous laisser toucher et transformer par l'autre:
avant d'apporter Dieu aux autres, nous découvrons sa présence parmi
les autres C'est le sens du dialogue intrareligieux, participation
spirituelle à l'expérience spirituelle de l'autre. Il met fin à une
marginalisation de l'Esprit, dont l'action apparaissait comme
limitée par les frontières institutionnelles de l'Église. Parmi les
divers autres sujets développés par l'A., notons l'intérêt
particulier qu'il porte au dialogue avec les Premières Nations
amérindiennes, auquel il a consacré plusieurs ouvrages. La
bibliographie, riche de quelque 350 titres, ne mentionne le nom
d'aucun théologien africain. À lire. - P. Detienne sj