Dans une quinzaine d'entretiens, initialement publiés en 1983, le
journaliste G. Anouil interroge le Père J. Wresinski (1917-1988),
fondateur du Mouvement ATD Quart Monde. Glanons-y, au fil des
pages, quelques suggestions.Là où tout le monde voyait des cas
sociaux, le Mouvement a découvert un peuple, un peuple de misère,
composé essentiellement de familles, réunies en raison d'une
souffrance qui les enferme et qui les humilie… L'Église n'est pas
une solidarité, elle est la souffrance des hommes… La grâce, c'est
l'amour qui veut l'autre égal… Comment savoir si l'engagement
syndical ou politique est le juste reflet de l'amour voué au
Seigneur?… L'Église s'est structurée d'une certaine manière; avoir
exclu tout rapport direct de charité a été une erreur fondamentale…
Les pauvres ne sont pas un objet de combat, mais des combattants,
maîtres de leur cause… Les travailleurs sous-prolétaires n'ont
qu'une aspiration: être reconnus comme ouvriers. Ils ont besoin
d'une honorabilité 'collective': être quelqu'un ensemble; le monde
ouvrier organisé ne s'en rend pas compte… Leur drame est d'avoir
toujours à compter sur la bienveillance: tous leurs droits
fondamentaux, tant économiques (logement, allocations familiales,
chômage) que sociaux et culturels, sont systématiquement lésés… Ils
ne sont pas coupables d'une misère que l'histoire leur a léguée…
Cessons de penser à leur place, obtenons pour eux les moyens de
parler pour eux-mêmes et reconnaissons leur droit à la dignité
d'être utiles… Les 'libérateurs' qui considèrent la révolution
comme inévitable ont-ils pris tous les moyens pour convaincre
autrement les possédants?… Le Quart-monde a un besoin angoissant
d'hommes et de femmes entièrement consacrés. À lire. - P. Detienne
sj